Nouvel ordre mondial? Lloyd Blankfein CEO de Goldman Sachs qui milite pour le mariage pour tous

Lloyd Blankfein a les oreilles qui sifflent depuis quelques jours. Les milieux d’affaires conservateurs estiment que le « p’tit gars de Brooklyn  » est manipulé par la « mafia gay ». Dans les clubs aux fauteuils profonds de Wall Street comme de la City, ses détracteurs vilipendent un « coup de pub » destiné à occulter les problèmes qui déferlent sur la vénérable banque d’affaires qu’il dirige depuis 2006. En revanche, les progressistes portent aux nues ce père de famille hétérosexuel qui mène combat avec grande ténacité en faveur du mariage gay.

S’adressant le 2 mai aux militants du groupe de défense homosexuel Out Street, qui vise à promouvoir l’égalité dans le secteur financier new-yorkais, Lloyd Blankfein, PDG de Goldman Sachs, a révélé que sa campagne en faveur de l’union homosexuelle avait amené un gros client – dont le nom n’a pas été divulgué – à retirer ses fonds confiés à la firme. « Ce n’est pas sans risque », mais si Wall Street soutient davantage la cause gay que d’autres secteurs, « c’est parce que la culture financière est foncièrement méritocratique et égalitaire », a déclaré Blankfein.

Les seigneurs de l’argent ont été longtemps en retard sur l’évolution de la société envers les gays, lesbiennes et transsexuels. Plus une culture d’entreprise est « masculine », donc sourdement antihomosexuelle, moins elle tolère les comportements ouvertement déviants. S’ajoute le sentiment diffus que l’idée du pouvoir financier est associée à la virilité, ce qui ne se marie pas vraiment avec le stéréotype de l’homosexualité.

Les rapports professionnels se prolongent souvent dans la sphère privée. Les cadres « hors normes » sont souvent exclus des retrouvailles avec conjoints au restaurant, des week-ends de golf et de chasse entre collègues ou des barbecues en famille. Or le réseau de relations créé à cette occasion joue un rôle évident dans les promotions.
Résultat, à compétences égales, un homosexuel a beaucoup moins de chance d’accéder à un poste de direction. Cela s’appelle le « pink plateau », le plafond de verre version rose, les barrières empêchant les homosexuels déclarés d’arriver au sommet de leur entreprise.
Réseaux d’entraide

Les mentalités sont cependant en train d’évoluer, souligne Andy Wafley, porte-parole du lobby gay britannique Stonewall. « Un nombre croissant de compagnies aident leur staff homo à s’épanouir. Un employé heureux travaille mieux », explique-t-il.

Les établissements financiers trustent le haut du hit-parade annuel de Stonewall des cent compagnies installées au Royaume-Uni les plus dynamiques dans la lutte contre les discriminations en matière d’orientation sexuelle. En 2011, Goldman Sachs a été classée sixième.

Soulignant le chemin parcouru, les grandes banques internationales, surtout américaines, se sont mises à courtiser les jeunes banquiers gays en encourageant la création de réseaux d’entraide. Preuve que la diversité au travail est devenue un facteur déterminant de l’image de l’employeur.

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