« C’est le cœur plein de regrets », que Guillaume L., secrétaire général du « Collectif Marianne », structure associative associée au « Rassemblement Bleu Marine » et chargée de diffuser les idées frontistes dans les réseaux étudiants, a annoncé ce mercredi 30 novembre sur les réseaux, sa démission du parti qu’il avait pourtant rejoint il y a plus d’un an, « séduit par l’idée d’un grand rassemblement des souverainistes, de gauche comme de droite, unis autour d’une colonne vertébrale idéologique solide : le patriotisme. »
« J’y croyais. J’ai vibré. Je me suis investi. J’ai milité. J’ai tracté. J’ai travaillé. J’ai donné. J’ai sacrifié. J’ai dégusté. Et j’ai découvert au fil du temps le goût amer de la désillusion », écrit-il. Mais force est de constater « que le Front National est une cocotte minute sur le point d’exploser, où deux sensibilités bien différentes ont de plus en plus de mal à cohabiter, quoi qu’en disent officiellement les cadres. Et à ma grande tristesse, l’une est bien plus bruyante que l’autre. »
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Soulignant ainsi les divergences qui minent la formation, entre le discours soi-disant souverainiste et social de Florian Philippot et la ligne traditionnelle du FN, désormais incarnée par Marion Maréchal Le Pen, il dénonce la stratégie du Front, « dont certains cadres voient en l’ultra-conservatisme et la promotion des « bonnes mœurs » (les « valeurs », dans le vocable aseptisé) une forme d’avenir : Comme j’avais l’habitude de dire ces derniers temps : « ça me donne la nausée » ».
Il a assumé sa sensibilité, progressiste et sociale, mais « s’il est aisé d’être conservateur et militant de la « Manif pour tous » au Front National, il l’est beaucoup moins d’être favorable au « Mariage pour tous » et d’adopter un ton mesuré sur certaines questions », déplore-t-il.
« On m’a traité de « gauchiste islamisé infiltré » (sic), de « parasite LGBT », de « déchet pédérastique » (ou sa charmante variante « sodomite »), j’en passe. Qu’il y ait des idiots dans la sphère du Front National, c’est le cas partout. Ce qui est beaucoup plus difficile à digérer, ce sont les bons conseils de ceux qui sont censés être de son côté au sein de la si divisée « famille politique ». Et ce fameux « fais le dos rond, ne fais pas de vague, ignore-les, il ne faut pas fragiliser l’unité ». Traduction : cachez ces horreurs que nous ne saurions voir, il faut d’une part garder la droite réactionnaire dans la poche, et d’autre part continuer à polir l’image… Une fois, ça passe. Toutes les semaines, ça fracasse », assène-t-il, justifiant notamment son départ par « l’amnistie systématique de certains dérapages ou les œillères à ce sujet sont insoutenables : Le jeune homo que je suis l’a très mal vécu. »
Il regrette une mutation des convictions « anti-systèmes » du parti au profit de la quête irréfléchie des résultats électoraux et de l’image, « Dire tout et son contraire pour ratisser large. Refuser de se fixer, de choisir entre l’ultra-conservatisme et le progressisme. Omerta sur les sujets sociétaux, qui ont pourtant leur importance : c’est le quotidien des français, c’est l’Humain », insiste-t-il, avant de remercier ses camarades, pour saluer le travail accompli et conclure : « Souverainiste mais de gauche, on m’a fait comprendre, parfois violemment, que je n’avais pas ma place chez les « patriotes ». J’en prends acte. »
A bon entendeur…
Valentine Monceau
stophomophobie.com