L’association internationale pour les personnes LGBTI, ILGA Monde, s’est dotée d’un représentant permanent auprès de l’ONU, basé à Genève: André Duplessis. Rencontre.
Si les cartes du monde éditées par ILGA sur les droits des personnes LGBTI dans les pays du globe sont célèbres, le travail de lobbying effectué par l’association auprès de l’ONU l’est beaucoup moins. Or, sans la pression exercée sur les gouvernements, la législation changerait encore plus lentement que maintenant. C’est là qu’intervient André Duplessis, chargé de faire la relation entre les 1044 associations LBGTI membres réparties dans 120 pays, et le Conseil des Droits de l’Homme. En effet, bien qu’ILGA ait le statut ECOSOC qui permet de s’exprimer lors des sessions, elle juge beaucoup plus efficace de laisser les associations locales, mieux au courant de la situation interne à leur pays, exposer leurs revendications aux gouvernements, et de n’intervenir avec la communauté internationale qu’en cas de feu vert de la part des habitants.
Trois chances par an
Durant le Conseil des Droits de l’Homme qui siège trois fois par année, les gouvernements du monde entier débattent des droits humains et examinent si les conventions signées par les Etats sont appliquées et de quelle manière. «Lors de chaque session, des associations du monde entier viennent à Genève pour faire passer des messages », développe André Duplessis. Mon travail est de les aider à comprendre le fonctionnement de l’ONU, d’identifier quels pays sont des alliés pour une région donnée, de les mettre en contact avec les associations locales, etc.» Car pour un lobbying efficace, il faut être conscient que chaque région a des problématiques spécifiques à défendre: la liberté d’expression, à savoir pouvoir librement éditer un magazine ou avoir un site sans se faire hacker; la liberté d’association, le droit à l’éducation, le droit à l’accès à la santé, et bien d’autres. Le délégué signale d’ailleurs quelques succès obtenus suite à la pression exercée par ILGA et les autres associations internationales qui s’occupent des questions LGBTI, comme ARC International. Par exemple, le Malawi et l’Ile Maurice ont promis de changer leur législation discriminante envers les personnes LGBTI, de même qu’il est devenu plus facile d’aborder le sujet de manière générale avec la majorité des états.
Mais que fait André Duplessis entre deux sessions du Conseil? Il continue sa pression auprès des autres organisations internationales comme l’Organisation Mondiale de la Santé, ONUSIDA, le Haut-Commissariat aux Réfugiés ou l’Organisation Internationale du Travail, sur les sujets où les questions LGBTI entrent également en jeu. «Il se passe des choses toute l’année à Genève pour lesquelles il faut s’engager, et c’est justement pour cette raison que mon poste a été créé», conclut-il.
Un parcours global
D’origine sud-africaine, né en Zambie, ayant étudié en Inde, puis le droit en Angleterre, avant de travailler en Chine et en Suisse, André Duplessis a une formation de juriste. Il a travaillé comme avocat d’affaire avant de s’intéresser aux droits humains, d’abord pour des ONG environnementales, puis pour le Haut-Commissariat aux droits de l’homme. «Même si je suis nouveau aux questions LGBTI et à ILGA, j’ai une grande expérience en droits humains, et je compte bien contribuer à faire évoluer les situations.»
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