Le Cameroun n’a pas de leçons à recevoir de la communauté internationale quant au traitement qu’il réserve à ses minorités sexuelles. Le 20 septembre, alors que le pays passait son Examen périodique universel devant le Conseil des droits de l’homme, son ambassadeur s’est montré agacé par les questions concernant le meurtre du militant Eric Lembembe, en juillet dernier. Après avoir, comme plusieurs de ses collègues, reçu des menaces, le président de l’association de lutte contre le VIH Camfaids avait été retrouvé mort chez lui. Son cadavre portait les traces de tortures.
«Affabulations»
Cette affaire n’a rien à voir avec les droits de l’homme, a martelé Anatole Nkou à la tribune de l’ONU à Genève (voir vidéo ci-dessous, dès la 57e minute). «Rien ne prouve que ce Monsieur a été victime de ses comportements intimes. Il aurait bien pu commettre des exactions capitales et avoir subi un règlement de compte [Les accusations visant les autorités] sont des affabulations – allez regarder dans la vie personnelle de ce monsieur et là, on comprendra comment cette personne est morte.» Nkou a, par ailleurs, ne pas avoir d’éléments nouveaux sur cette affaire.
Niant l’évidence, les autorités camerounaises ont fermement rejeté toute les accusations de persécution, de harcèlement ou d’arrestations arbitraires à l’encontre des LGBT. Pour Yaoundé, l’homosexualité n’est plus poursuivie en tant que telle, mais des personnes qui se livreraient à des actes sexuels en public pourraient l’être (une affirmation démentie par les six cas d’homosexuels présumés arrêtés depuis le début de l’année, note le site CameroonVoice). L’ambassadeur a même estimé que le Cameroun avait fait des progrès sur la voie de l’acceptation de l’homosexualité. «Il y a 20 ans c’etait une problématique inabordable – mais je regrette que personne ne voie que l’homosexualité reste très sensible pour notre pays, pour notre civilisation, pour notre culture.»
«Bassesse»
Neela Ghoshal, une chercheuse à Human Rights Watch qui a travaillé avec le militant assassiné, a dénoncé une «nouvelle bassesse de la part du gouvernement»: «Le Cameroun devrait se concentrer sur l’amélioration de son bilan en matière de droits humains devant l’ONU, plutôt que d’accuser les victimes et de décliner toute responsabilité de protéger les minorités sexuelles et de genre contre la violence et la discrimination.»
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