Cent vingt-sept personnes ont été arrêtées, ce dimanche 10 novembre, lors d’une descente de police dans un établissement du centre de Kampala, le « Ram Bar », populaire auprès de la communauté LGBT. Soixante d’entre-elles, 61 hommes et 6 femmes, ont été inculpés mardi pour « nuisances générales ».
Un chef d’inculpation relativement vague, comme le soulignent les avocats de la défense, qui se plaignent également de ne pas avoir pu s’entretenir avec leurs clients. « Leurs droits n’ont pas été respectés », a déclaré Patricia Kimera, une avocate des droits de l’Homme représentant plusieurs des accusés.
« Ces gens ont été surpris en train de s’amuser et écouter de la musique. Ils n’étaient pas dans la rue mais dans un bar. Il n’y a aucune preuve démontrant qu’il est question de nuisances générales. Les accusations portent sur une nuisance publique, nous ne pouvons donc pas présumer qu’il s’agissait d’une attaque ciblée mais, de nombreuses personnes LGBTI ont été victimes et font partie des « accusés ». Ils veulent réduire notre communauté au silence ».
Le porte-parole de la police ougandaise, Patrick Onyango, a néanmoins assuré dans la presse que les autorités ne savaient pas que ce bar organisait une soirée dédiée, le soir du raid, soutenant qu’elle visait l’usage de tabac, interdit dans les lieux publics, ainsi que d’opium.
Mais, selon Clare Byarugaba, de l’organisation ougandaise de défense des droits de l’Homme Chapitre 4, « la police savait qui elle visait ». « C’est une persécution de tout espace vu comme étant ouvert aux LGBT ».
Et c’est ainsi depuis que le gouvernement a annoncé, au début du mois d’octobre, son intention d’instaurer, de façon légale, la peine de mort à toutes les personnes reconnues coupables de « pratique homosexuelle ». Il s’est rétracté devant l’indignation des donateurs internationaux, mais cette proposition a encore attisé les crimes de haine et le sentiment homophobe.
Le 21 octobre dernier, seize militants LGBT+ ont été aussi arrêtés et accusés d’avoir eu des « relations homosexuelles », après une descente là encore dans leur bureau associatif et résidence, les forçant à se soumettre à des tests anaux. Ils ont été relâchés mais leur dossier judiciaire reste ouvert pour infraction à la loi anti-gay. Le même soir, un réfugié gay rwandais était battu devant son bureau à Kampala et une jeune lesbienne, agressée physiquement par son médecin.