Le secrétaire d’État américain est revenu à la charge. La promulgation de la loi, a-t-il dit au Président ougandais, complique les relations entre Washington et Kampala.
>> John Kerry Condemns New Law on Phone Call With Uganda President
John Kerry, a eu une conversation téléphonique, jeudi 27 février, avec le président ougandais, Yoweri Museveni, a révélé dans un communiqué vendredi le département d’État.
M. Kerry a exprimé, d’emblée, la profonde déception des États-Unis au sujet de la décision du gouvernement ougandais d’adopter le projet de loi anti-homosexualité.
Le secrétaire d’État n’a pas hésité à dire au chef de l’État ougandais que cette législation compliquait les relations bilatérales entre les deux pays.
Il a aussi fait part des inquiétudes des États-Unis quant aux menaces que pose cette «loi discriminatoire» à la sécurité de la communauté LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) en Ouganda. M. Kerry a ainsi exhorté le président Museveni à assurer la sécurité et la protection de tous les citoyens ougandais.
Les deux hommes ont également discuté des séquelles négatives que pourrait avoir la loi sur les efforts de santé publique, y compris ceux pour traiter le VIH/SIDA, ainsi que sur le tourisme et les investissements étrangers en Ouganda.
Cette conversation téléphonique est intervenue au lendemain d’une première prise de position officielle de M. Kerry, vertement condamnant cette loi ougandaise contre l’homosexualité, en la comparant aux lois discriminatoires adoptées par l’Allemagne dans les années 1930, et à celles de l’Apartheid dans les années 1950 et 1960.
Le département d’État avait d’ailleurs prévenu que l’adoption de la législation affecterait l’aide américaine à l’Ouganda, chiffrée actuellement à quelques 485 millions de dollars.
« Ce qui se passe en Ouganda est abject et cela nous met tous face à un énorme défi parce que les droits des personnes LGBT sont des droits humains et la promulgation de cette loi anti-homosexualité est moralement mauvaise », avait estimé M. Kerry.
La Banque mondiale est une institution multilatérale qui ne devrait pas faire chanter ses membres même petits
Ofwono Opondo, porte-parole du gouvernement ougandais
Plusieurs pays, dont les Pays-Bas, le Danemark et la Suède, ont annoncé le gel d’une partie de leur aide bilatérale en raison de la promulgation de la législation.
De son côté, la Banque mondiale (BM) a suspendu, jeudi 27 février, le versement d’un prêt de 90 millions de dollars à Kampala à la suite de l’adoption de cette loi controversée.
« Nous avons reporté le projet pour mener de nouvelles consultations et s’assurer que ses objectifs de développement ne seront pas négativement affectés par l’entrée en vigueur de cette nouvelle loi », a déclaré un porte-parole de l’institution dans un courriel.
En réaction à la décision de la BM, le porte-parole du gouvernement ougandais, Ofwono Opondo, a publié vendredi une série de déclarations sur Twitter. Dans l’un des nombreux tweets, il l’a accusée de chantage. « La Banque mondiale est une institution multilatérale qui ne devrait pas faire chanter ses membres même petits », écrit M. Opondo.
Dans un autre tweet samedi, le porte-parole a mis au défi la communauté internationale de « fournir un seul exemple d’un homosexuel qui a été battu, harcelé, persécuté ou qui s’est vu refusé les services en Ouganda ».
L’homosexualité était déjà illégale en Ouganda, mais la nouvelle loi prévoit des peines beaucoup plus sévères, allant jusqu’à 14 ans de réclusion, et des peines de prison à vie pour « homosexualité aggravée ». La « promotion » de l’homosexualité a été criminalisée, ainsi que le fait de ne pas dénoncer une personne gay à la police.
Le président Museveni a déclaré avoir signé le projet de loi parce que les scientifiques qu’il a consultés n’ont pas trouvé un gène de l’homosexualité.
>> U.S. Secretary of State John Kerry spoke on the phone Thursday with Ugandan president Yoweri Museveni to voice concern over the African nation’s discriminatory law, known as the « jail the gays » law, which was officially enacted earlier this week.
Kerry expressed the American government’s displeasure with the law, while also raising the concern that the « law poses a threat to the safety and security of Uganda’s LGBT community, and urged President Museveni to ensure the safety and protection of all Ugandan citizens, » according to a statement from the White House. The law makes homosexuality punishable with prison sentences, up to life in some cases.
Museveni and Kerry also discussed how the law would negatively affect public health efforts, including those to address HIV and AIDS, as well as on tourism, and foreign investment in Uganda.
Shortly after the bill was signed into law, several other governments made the decision to cut or suspend aid to Uganda, which relies heavily on foreign assistance. Early this week, the Norwegian, Dutch, and Danish governments canceled a total of $26 million in aid to Uganda. Days later, the World Bank indefinitely delayed action on a $90 million loan to the nation because of the legislation.
As reported Thursday, House minority leader Nancy Pelosi and other members of Congress as well as former member Barney Frank had spoken to World Bank president Jim Yong Kim to share their concerns about the law. “While we appreciate the difficult decisions President Kim has to make and their impact on the lives of many in the developing world, many members believe that such a blatant act of discrimination should not go unnoticed,” Pelosi aide Drew Hammill told BuzzFeed.
Yesterday the State Department released its annual Country Reports on Human Rights Practices, and this year’s report had a greater focus on LGBT rights than past ones. Also, earlier this week Kerry likened the new Uganda law to Nazi Germany’s persecution of Jews and South Africa’s apartheid policy.
avec lavoixdelamerique.com