Le Parlement ougandais a adopté mardi, malgré l’opposition d’ONG, une loi controversée sur le sida qui, notamment criminalise la transmission intentionnelle du virus, autorise la divulgation du statut sérologique d’une personne et prévoit des tests obligatoires.
La loi n’entrera en vigueur qu’une fois promulguée par le président Yoweri Museveni. Des législations ou les tribunaux de nombreux pays à travers le monde punissent déjà la transmission intentionnelle du VIH (virus du sida) et rendent obligatoire les tests dans certains cas.
La nouvelle loi ougandaise sur « la prévention et le contrôle du VIH/sida » rend passible de dix ans de prison la transmission intentionnelle du virus, mais prévoit aussi l’autorisation pour un médecin de divulguer le statut sérologique d’un patient à des tiers.
Elle impose des tests obligatoires aux femmes enceintes, à leur partenaire, mais aussi aux victimes de violences sexuelles et aux personnes arrêtées pour des faits relatifs aux stupéfiants ou à la prostitution, ou encore des infractions à caractère sexuel, parmi lesquelles figurent en Ouganda les relations homosexuelles.
Le pays a récemment durci sa législation, déjà sévère, contre l’homosexualité, s’attirant des critiques à travers le monde. Le but de cette loi sur le sida est officiellement d’enrayer la propagation de la maladie en Ouganda, ancien bon élève qui fut souvent cité en exemple en Afrique, mais où l’épidémie connaît un regain, le taux de prévalence, en baisse depuis les années 1990 étant reparti à la hausse.
Des ONG et des acteurs de lutte contre le sida ont au contraire estimé que la législation risquait de remettre en cause leurs efforts dans la prévention de la maladie, affirmant notamment qu’elle allait dissuader les gens de se faire tester volontairement, afin de pouvoir arguer de leur ignorance de leur séropositivité en cas de transmission.
Ils s’inquiètent aussi d’une disposition obligeant quiconque se sait porteur du virus à en informer son partenaire, craignant ses répercussions sur les femmes, qui pourraient « être victimes de violence domestique et accusées ‘d’avoir ramené le VIH à la maison' », selon Asia Russell de Health Gap, une organisation oeuvrant dans le domaine de la lutte contre le sida en Ouganda.
Human Rights Watch estime que plusieurs articles de la loi sont contraires aux traités internationaux conclus par l’Ouganda et violent les droits humains. L’Ouganda a longtemps été félicité pour ses efforts couronnés de succès dans la lutte contre le sida, notamment en faveur de l’utilisation du préservatif.
De 18% en 1992, le taux de prévalence avait chuté à 6,4% en 2005 avant de repartir à la hausse pour s’établir à 7,3% en 2011, selon les chiffres officiels.
AFP