Quelque 200 militants ougandais ont défilé samedi à Entebbe lors d’une « Marche des Fiertés » organisée sur les bords du lac Victoria, pour célébrer l’abandon il y a un an d’une loi qui prévoyait la prison à vie pour tout individu dont l’homosexualité était démontrée.
Sans pour autant statuer sur le fond, la Cour constitutionnelle avait en effet rejeté le texte en août dernier, six mois après son entrée en vigueur, mais sur un point purement technique : le quorum exigé lors du vote n’ayant pas été atteint.
« Pour nous, ce rassemblement célèbre qui nous sommes, ce que nous vivons, mais aussi nos amis et alliés », a déclaré Richard Lusimbo, l’un des organisateurs de la marche : « Nous avons connu certains progrès, la loi a été frappée de nullité. Et cela a permis l’écriture d’un nouveau chapitre de notre militantisme ».
L’homosexualité reste encore pourtant un crime en Ouganda, punissable de plusieurs années de prison. Mais les Ougandais ne sont plus contraints, sous peine de sanction, de dénoncer les personnes homosexuelles aux autorités.
Néanmoins, des hommes politiques ont déposé en décembre dernier une nouvelle proposition qui réintroduirait le délit de « promotion » de l’homosexualité.
Pour Rita, manifestante homosexuelle et mère de 32 ans, l’année écoulée a été « effrayante ». « J’ai même songé à l’exil. Mais si nous fuyons tous, qui va poursuivre la lutte? »
L’homophobie est très répandue en Ouganda. Harcèlement et intimidations sont le quotidien des homosexuels dans ce pays où se développe un christianisme évangélique d’inspiration américaine, particulièrement véhément à l’égard du mouvement LGBT.
Il a été reproché au président Yoweri Museveni d’avoir défendu la loi anti-homosexualité, pour gagner en popularité, à l’approche de nouvelles élections présidentielles prévues pour février ou mars 2016, date de sa 30e année au pouvoir.
Des militants craignent que les droits des homosexuels soient à nouveau bafoués à des fins politiciennes alors que se profile le scrutin.
« La question anti-homosexuelle est toujours le fruit d’un calcul politique », acquiesce Richard Lusimbo. « Donc tout peut arriver ».
avec l’AFP