Outing : Steeve Briois débouté de son action pour atteinte à la vie privée

Nouveau revers pour le maire Front national d’Hénin-Beaumont qui demandait la condamnation d’Octave Nitkowski, par ailleurs jeune blogueur sur le HuffPost, pour avoir évoqué son homosexualité dans un livre.

A l’époque, le lieutenant de Marine Le Pen avait réclamé, en vain, l’interdiction du livre Le Front national des villes & le Front national des champs, la cour d’appel de Paris ayant en effet considéré que l’outing de personnalités politiques « de premier plan » pouvait se justifier.

Une fois encore, la justice lui a donné tort alors qu’il réclamait 30.000 euros de dommages et intérêts. Selon nos informations, le tribunal de grande instance de Paris a validé, mercredi 8 juillet, la défense du jeune écrivain et condamné Steeve Briois à lui verser 2500 euros pour frais d’avocat.

« C’est à juste titre que les défendeurs [Octave Nitkowski, ndlr] soutiennent que le demandeur est secrétaire général du Front national, que l’évocation incriminée d’un élément appartenant à la sphère protégée de sa vie privée figure dans un ouvrage portant sur un sujet d’intérêt général, dès lors qu’il se rapporte à l’évolution d’un parti politique qui a montré des signes d’ouverture à l’égard des homosexuels à l’occasion de l’adoption de la loi relative au mariage des personnes de même sexe, et qu’en conséquence cette évocation est légitime », a écrit le tribunal dans son jugement que nous avons pu consulter.

« C’est une vendetta à mon encontre. Il cherchait à me faire payer pour laver son honneur et n’a agit que par cupidité en réclamant 30.000 euros à un étudiant boursier. En portant plainte contre mes parents alors que je n’avais pas encore 18 ans, il a voulu m’intimider mais ça ne marche pas », explique Octave Nitkowski.

« On ne peut pas tour transgresser au nom de la transparence »

A l’audience qui s’était tenue à la mi-mai, l’auteur avait soutenu qu’il n’avait pas évoqué « gratuitement » l’homosexualité de Steeve Briois, proche de Marine Le Pen, mais car il était selon lui « légitime d’en parler » dans la mesure où cet élément a un « sens politique ». Dans le débat sur le mariage homosexuel, la présidente du FN est restée « à la marge » et a eu une position « timorée », a-t-il souligné.

Pour l’avocate du jeune homme, Me Léa Forestier, il n’y a pas de « révélation » de l’homosexualité de Steeve Briois, nécessaire selon elle pour que l’atteinte à la vie privée soit constituée, mais une « évocation ». Cette information avait notamment déjà été publiée en 2011 sur un site internet de l’ultra-droite, dont le directeur de la publication a pour cela été condamné, mais il n’avait pas demandé le retrait des propos litigieux, a-t-elle fait valoir.

L’avocat du cadre frontiste, Me David Dassa Le Deist, a quant à lui contesté qu’au nom d’un « esprit de transparence », « on pourrait tout transgresser ». Steeve Briois s’est « opposé à l’instrumentalisation de cette information », qui « le place dans une minorité à laquelle il n’a jamais entendu être assimilé ».

Par avec l’AFP