Ce samedi 3 août, dans la chaleur estivale et en plein bouillonnement religieux des sessions de la Communauté de l’Emmanuel, deux jeunes femmes ont été mariées à l’hôtel de ville parodien.
En début d’après-midi, moins d’une trentaine de personnes ont ainsi partagé le bonheur marital de ce couple.
La loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe est effective depuis mai dernier.
Hier, cette union n’avait donc rien d’extraordinaire. Si ce n’est que c’était le premier rendez-vous du genre dans cette ville, dont le maire n’est autre que Jean-Marc Nesme, opposant historique au mariage gay.
Une ville où s’était aussi déroulée, en novembre 2012, avec notamment Frigide Barjot parmi les invités, une rencontre qui avait lancé les bases de la « manif pour tous ».
Opposant historique
En janvier 2012, alors qu’il était encore député, Jean-Marc Nesme avait réactivé une « entente parlementaire » contre le mariage et l’adoption par les couples du même sexe.
Son combat ne date pas d’hier puisqu’il avait déjà, en 2006, lancé un « manifeste pour la défense du droit fondamental de l’enfant d’être accueilli et de s’épanouir dans une famille composée d’un père et d’une mère ». Plus de 120 parlementaires ont signé cette « entente » de 2012, estimant que « l’État et le législateur n’ont pas à ériger en normes ce qui relève de la vie privée et des choix individuels et que, si la République protège la liberté individuelle, elle doit exclure toutes les formes de communautarisme ».
Seulement voilà, malgré sa mobilisation jusqu’au début de l’année 2013, la loi a finalement été adoptée au printemps dernier.
Liberté de conscience
Hier, donc, légitimement fidèle à ses principes, Jean-Marc Nesme n’a pas procédé au mariage de ces deux jeunes femmes. C’est une de ses adjointes qui s’en est chargée.
Et si le maire reste convaincu que le mariage de deux personnes de même sexe est un « problème de société fondamental » (comme il nous le confiait en 2008), il veille aujourd’hui à appliquer strictement la loi : « C’est une de mes adjointes qui a accepté de procéder au mariage. Je ne l’ai absolument pas dissuadé d’officier pour cette occasion. Vous savez, la loi s’applique ici à Paray-le-Monial, à l’occasion du mariage de ces deux femmes. La loi doit s’appliquer, comme partout ailleurs. De toute manière, j’ai toujours argumenté sur la liberté de conscience des uns et des autres. Si une de mes adjointes a accepté de procéder à ce mariage, cela relève une nouvelle fois de sa liberté de conscience. Chacun doit être respecté en la matière ».
Hervé Bachelard