Provocation et blasphème : les autorités kirghizes interdisent la diffusion du film « Je suis gay, je suis musulman »

Alors que ce mercredi, des manifestations organisées par le parti nationaliste ont éclaté pour réclamer la démission du gouvernement et la nationalisation de la principale mine d’or, première source de revenus du pays, les autorités kirghizes ont interdit la diffusion du film « Je suis gay, je suis musulman » de Johan Amselem, quelques heures seulement avant sa projection.

Ce métrage de deux minutes suit le quotidien d’Adams, 22 ans, homosexuel, mauritanien et musulman, à travers cinq moments du quotidien. Ironie du sort, le film devait être projeté à l’occasion du festival de documentaires relatifs aux droits de l’homme.

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L’ONG « Citoyens contre la corruption » n’a pas tardé à monter au créneau. Elle a déposé une réclamation à la Commission des Affaires Religieuses, en vain : dans ses conclusions, rendues le 28 septembre, la Commission estime que le film offense les croyants et pourrait constituer une provocation envers les populations musulmanes.

« Mon orientation sexuelle n’est pas incompatible avec ma religion », « je regrette que l’Islam n’ait pas de position claire sur l’homosexualité » ou encore un homosexuel affirmant que ses « parents sont les descendants de Mahomet » sont autant de citations qui violeraient les canons de l’Islam.

Sexe non traditionnel

La Charia, selon la Commission, condamnerait en effet les orientations sexuelles non-traditionnelles. Difficile de dépeindre les gays comme de bons musulmans sans heurter les sensibilités des pratiquants, estime-t-elle.

Avec près de 80% de musulmans et environ 10% d’orthodoxes, le Kirghizstan est pourtant un Etat laïc. Parano d’Etat ou réelle radicalisation du régime ?