Les infections au VIH chez les Philippins ayant des relations homosexuelles ont décuplé en cinq ans faute de mobilisation des autorités contre cette maladie, affirme jeudi dans un rapport l’organisation Human Rights Watch.
L’archipel est un des pays asiatiques où l’épidémie de VIH progresse le plus vite en raison du manque de mesures des gouvernements successifs pour promouvoir la contraception et assurer l’éducation sexuelle des populations, selon l’association.
« L’éducation sur les méthodes efficaces de prévention du VIH est inexistante, et la loi interdit aux moins de 18 ans de se procurer des préservatifs ou de se faire dépister sans le consentement de leurs parents », indique HRW.
Sur les 35.000 cas de VIH enregistrés aux Philippines depuis 1985, 81% étaient des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, indique HRW en citant des chiffres officiels. Le problème est en train d’empirer car 25 nouveaux cas de VIH sont recensés chaque jour aux Philippines.
« Le risque est réel de voir le virus se répandre au reste de la communauté philippine, mais les autorités ne font pas grand chose », a déploré à l’AFP Carlos Conde, chercheur de HRW.
L’Eglise catholique, une institution puissante aux Philippines, est un frein important à la prise en charge du problème.
Environ 80% de la population de l’archipel est catholique. Et l’Eglise a notamment usé de son influence pour contrer tout projet de légalisation de l’avortement, du divorce ou encore du mariage pour tous.
Au pouvoir depuis fin juin, le gouvernement du président Rodrigo Duterte s’est dit prêt à défier l’Eglise en organisant des distributions de préservatifs dans les écoles et peut-être de kits de dépistage. M. Conde a salué cette annonce, tout en rappelant que l’Eglise était parvenue à contrarier les efforts de prévention des précédents gouvernements.
Il a par ailleurs estimé que M. Duterte, comme ses prédécesseurs, ne s’intéressait pas suffisamment à la problématique particulière des contaminations chez les homosexuels.