Le gouvernorat d’Ankara vient d’interdire la tenue, ce jeudi 16 novembre, d’un festival cinématographique, soutenu par l’ambassade d’Allemagne, pour améliorer la visibilité de la culture, des organisations et des personnes LGBTI, estimant que la manifestation était « provocatrice » et susceptible d’attiser les hostilités d’une certaine partie de la société.
Évoquant la situation sécuritaire du pays qui a été frappé par de multiples attentats ces dernières années, perpétrés notamment par le groupe Etat islamique (EI), les autorités turques craignent ainsi de nouvelles attaques, particulièrement contre ces populations « dissidentes », le festival ayant d’ailleurs été vivement critiqué sur les réseaux sociaux.
Les organisateurs du « Pink Life QueerFest » ont dénoncé cette censure, qui érode « leurs droits constitutionnels », déplorant également que le gouvernorat choisisse d’interdire l’événement plutôt que d’en assurer promptement son déroulement « en toute sécurité ».
De même, « suggérer que ces projections pourraient être provocantes ou ciblées par des groupes terroristes ne sert qu’à légitimer les discours de haine envers notre communauté », déjà constamment menacée, ont-ils ajouté dans leur communiqué.
L’interdiction de ce festival survient alors que les relations entre la Turquie et l’Allemagne, deux pays alliés au sein de l’Otan, se sont fortement détériorées ces derniers mois, précise l’AFP. En raison, entre autres, des arrestations de plusieurs ressortissants allemands, dans le cadre des purges lancées par Ankara, dans la foulée de la tentative de coup d’Etat le 15 juillet 2016. La Turquie prétexte une ingérence de l’Allemagne dans ses affaires intérieures.
Rappelons en outre que si l’homosexualité n’est pas réprimée sur le plan pénal en Turquie, les préjugés demeurent, l’homophobie sévit, et les droits des LGBTI reculent.
La semaine dernière, M. Erdogan s’est même indigné de la mise en place d’un « quota gay » pour des élections de comités de quartier, prévues courant novembre, dans le district de Nilüfer, dans la ville de Bursa (nord-ouest). Il a « imputé » cette initiative, « contraire aux valeurs de la nation », au Parti républicain du peuple (CHP), principale formation de l’opposition, qui « manque de modération », a-t-il insisté.
Ça fait trois ans que la marche des fiertés d’Istanbul est en outre interdite par les autorités, pour préserver « l’ordre public » et la « sécurité des touristes », et les manifestants les plus courageux, systématiquement dispersés dans la violence, avec Gaz lacrymo et balles en caoutchouc.
Valentine Monceau
stophomophobie.com