L’association STOP homophobie a déposé ce jour une plainte pour injure publique en raison de l’orientation sexuelle à l’encontre de Vincent Labrune, président de la Ligue de Football Professionnel (LFP). En cause : la publication, sur le compte Instagram officiel de la Ligue 1, d’une vidéo promotionnelle intégrant un chant ouvertement homophobe.
Une vidéo promotionnelle contenant un chant homophobe
Le 19 avril 2025, le compte Instagram officiel de la Ligue 1 (@ligue1mcdonalds) a diffusé une vidéo annonçant le match AS Saint-Étienne – Olympique Lyonnais. Sur fond d’images épiques de supporters et de joueurs, une voix off proclame :
« Ici, le silence est une trahison, la voix une arme. »
Mais cette narration laisse place à un chant de supporters dans lequel on entend distinctement :
« Oh Lyonnais, bande de pédés »
Un propos explicitement homophobe, intégré sans filtre dans une vidéo officielle diffusée par la LFP. Pire encore : ce chant a été repris dans les tribunes lors de la rencontre du 20 avril au stade Geoffroy-Guichard, sans la moindre réaction des organisateurs.
Malgré une demande de retrait formulée par le ministère des Sports, la vidéo reste toujours en ligne, illustrant l’indifférence persistante de la LFP face à l’homophobie qui gangrène le football professionnel.
Une plainte pour briser l’impunité
L’association a donc saisi le procureur de la République, estimant que Vincent Labrune, en tant que président de la LFP, porte la responsabilité directe de la diffusion de cette vidéo et de l’absence de réponse institutionnelle.
Depuis décembre 2023, STOP homophobie a déposé plusieurs plaintes visant la répétition de chants homophobes dans les stades et le manque de réactions des acteurs du football, notamment les diffuseurs Amazon et DAZN.
« La banalisation de l’homophobie atteint aujourd’hui un seuil inacceptable. Des insultes clairement homophobes sont désormais utilisées à des fins promotionnelles et diffusées sur les réseaux sociaux officiels », déclare Me Étienne Deshoulières, avocat de l’association.
« Il est temps que les responsables rendent des comptes devant la justice. »
« Ce n’est pas une erreur, c’est une faute »
Terrence Khatchadourian, secrétaire général de STOP homophobie, déplore une responsabilité institutionnelle :
« Ce n’est pas une erreur, c’est une décision assumée. Intégrer un chant insultant dans une vidéo officielle, c’est en valider le contenu. La LFP ne peut pas se dédouaner. Elle n’est pas spectatrice du football, elle en est l’image. Lorsqu’elle banalise de tels propos, elle devient complice de l’exclusion des personnes LGBT+. Ce n’est pas juste irresponsable. C’est une faute. »
Julien Pontes, porte-parole du Collectif Rouge Direct, engagé contre l’homophobie dans le football, confirme que l’alerte a été donnée dès le jour du match :
« Nous avons alerté la ministre des Sports dimanche, jour du match. Elle nous informe mercredi qu’elle a demandé à ce que cette vidéo honteuse soit « retirée ». La LFP a pris son temps et n’a retiré la vidéo que jeudi. »
Mais pour le collectif, ce retrait tardif ne saurait suffire :
« Ce simple retrait n’est pas suffisant ! Parallèlement à cette plainte, une enquête interne à la LFP doit être diligentée par la ministre, autorité de tutelle. Les responsabilités doivent être établies, des sanctions prises. Il faut aussi comprendre pourquoi règne un tel climat d’impunité au sein de la LFP, au point qu’une vidéo de « promotion » de l’homophobie ait pu être produite et diffusée. »
Quand le dialogue ne suffit plus, la justice devient indispensable
Cela fait des années que STOP homophobie alerte, documente, interpelle. Mais l’absence de réaction nourrit l’impunité. Et avec elle, la violence.
« Il faut rappeler une vérité simple : les LGBTphobies ne sont ni une opinion, ni une tradition. Ce sont des infractions », insiste Terrence Khatchadourian.
Avec cette plainte, STOP homophobie souhaite mettre fin à une banalisation devenue trop fréquente et rappeler que le respect des droits fondamentaux ne s’arrête pas aux portes d’un stade.