L’altercation se déroule à 5 h 30 du matin, lundi. Vincent (1) sort de discothèque, place du Foirail, avec des amis. Dans les vestiaires, le groupe vient de rencontrer une autre bande et les choses se sont envenimées. « Ayant constaté que nous étions homosexuels, l’un d’entre eux m’a traité de ‘‘petit pédé’’» a expliqué Vincent aux policiers, mercredi, en déposant plainte.
À la sortie de la boîte, un autre de la bande de quatre assène un violent coup de poing à Vincent, lequel s’écroule au sol tandis que sa tête heurte le trottoir. D’après sa déposition, il lui faudra trois minutes pour se relever. « Cela a été tellement violent qu’il a perdu connaissance », explique son petit ami qui a contacté la rédaction, hier.
Pour Vincent comme pour ses proches, le motif de l’agression ne souffre aucune contestation. « Ils sont très clairs, explique le petit copain. Il n’y a aucun doute sur le caractère homophobe de cette agression. » Le jeune homme a donc porté plainte en ce sens mercredi après-midi au commissariat de police.
« Manque d’assistance »Au préalable, son compagnon a envoyé un courrier au préfet, au directeur de la police, et au procureur de la République. Motif : le désintérêt coupable, selon lui, des policiers et des pompiers.
« Je suis assez étonné d’un manque flagrant d’assistance par les autorités publiques, à mon ami », écrit l’ami. La police aurait été appelée à trois reprises, par le directeur de la discothèque, un ami et un témoin présents sur place au moment de l’altercation. »
Des points obscursD’après le parquet pourtant, aucun de ces appels n’ a été évoqué par Vincent au cours de sa déposition. « La police a été appelée une fois que tout a été fini, convient le procureur de la République Jean-Christophe Muller. Mais les personnes qui ont appelé n’ont semble-t-il pas demandé qu’une voiture se déplace. »
Dans sa lettre aux autorités, le compagnon de Vincent est formel. « Aucun des services appelés, police ou pompiers ne se sont déplacés. Ce sont nos amis qui ont pris en charge Vincent et qui se sont occupés de le réconforter et de le soigner. »
Reste l’agression. Homophobe pour Vincent et son compagnon, ainsi que pour l’association LGBT (2) Bascos.
Une première réactionCette dernière a publié un communiqué hier dans lequel elle explique que l’agression « illustre malheureusement le climat délétère qui s’est installé en France depuis plusieurs mois et qui conduit à l’expression d’une homophobie désormais ‘‘décomplexée’’ voire violente. »
Une interprétation vers laquelle le procureur de la République se garde bien de glisser. « L’homme qui a insulté n’est pas le même que celui qui a frappé », précise Jean-Christophe Muller, pour qui la motivation liée à la préférence sexuelle de la victime n’est pas clairement avérée. L’enquête s’attachera à le vérifier.
(1) Le prénom a été modifié. (2) Lesbiennes, gays, bi et trans.
Par Romain Bely
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