Une pétition signée par plus de 10 520 personnes exige que Universal Music France retire un titre du chanteur guadeloupéen Admiral T, accusé de véhiculer des propos homophobes dans une chanson toujours en ligne.
Le morceau en question, Gwadada, sorti en 2002 et réédité en 2004 par Universal, critique les maux de la société guadeloupéenne. Parmi les « fléaux » mentionnés par l’artiste, figurent les homosexuels, qu’il qualifie de « plaies » de la société créole. Les paroles, accessibles aujourd’hui sur des plateformes comme Spotify, Deezer ou Qobuz, sont particulièrement choquantes : « Il y a plein de p****, plein de jeunes gars font les p****, parce qu’il y a de l’argent à se faire en faisant le p***. »
L’héritage controversé du dancehall
Ce type de discours s’inscrit dans un contexte plus large du genre musical dancehall, où des paroles violentes à l’encontre des personnes LGBT+ ont longtemps été tolérées. Ce courant musical, originaire de la Jamaïque, a nourri ce que les militants qualifient de murder music, un sous-genre régulièrement critiqué pour ses incitations à la haine.
En France, la diffusion continue de telles paroles soulève des questions. « Il est inconcevable, en 2025, qu’un artiste puisse encore générer des revenus grâce à un titre aussi explicitement homophobe », déclarent les initiateurs de la pétition, soutenus par l’ONG All Out, spécialisée dans la défense des droits LGBT+.
Une responsabilité pour Universal
Pour les signataires, Universal Music France a une responsabilité majeure. En tant que détenteur des droits de la chanson, le label pourrait immédiatement retirer ce titre des plateformes. La pétition sera adressée à la direction ce mercredi.
« Il ne s’agit pas seulement de censure, mais d’une question de cohérence », estime un militant antillais. « Comment défendre l’égalité tout en profitant financièrement d’un morceau aussi discriminant ? »
La polémique s’inscrit dans un débat plus vaste sur l’évolution de la culture musicale caribéenne et ses tensions internes. Alors que certains artistes ont pris leurs distances avec les paroles homophobes du passé, d’autres — comme Admiral T — n’ont, à ce jour, jamais exprimé de regrets.