Le Conseil consultatif national d’éthique (CCNE) a publié, mardi 25 septembre, un rapport sur les questions de bioéthique, réaffirmant sa position favorable à l’extension de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes. Désir de parentalité notamment partagé par 52% des personnes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres), vivant en France et en âge de procréer (moins de 45 ans), dont 35 % également d’ici trois ans, selon une étude menée par l’Ifop pour l’Association des familles homoparentales (ADFH).
Ces résultats illustrent « une vague libératrice, assez nouvelle, qui permet aux LGBT de se penser à la fois LGBT et parent », souligne Alexandre Urwicz, président de l’ADFH. En outre, ils « battent en brèche les préjugés selon lesquels les homosexuels ne se projettent pas dans une perspective de construction familiale. Leur désir de parentalité est assez similaire à celle du reste des Français », ajoute sur franceinfo, François Kraus, directeur des études politique-actualité à l’Ifop.
Dans le détails, plus de 30% des gays, 57% de bis et jusqu’à 62 % des lesbiennes souhaitent effectivement fonder une famille. Et, loin devant l’adoption (31%) ou la coparentalité (11%), la majorité se tournerait en priorité vers des techniques de procréation médicalement assistée (58%), quitte à y avoir recourir dans des pays étrangers où ces pratiques sont légales et encadrées. Sauf que, dans les faits, « cela pénaliserait les catégories les moins aisées », note le directeur de l’étude.
« Aujourd’hui, il y a une double injustice : une discrimination par l’orientation sexuelle et par l’argent », poursuit Alexandre Urwicz. « L’enjeu, c’est de mettre toutes les femmes sur un pied d’égalité… » Une légalisation de la PMA répondrait à une demande réelle. Si on devait continuer à l’interdire, « toutes ces femmes qui veulent être mères se verraient privées de maternité ».
« Quoi qu’il en soit, l’homoparentalité est déjà une réalité », conclut François Kraus. Près d’une personne LGBT sur trois déclare en effet avoir déjà eu des enfants, dont 21% des lesbiennes et 10% des gays.
Aujourd’hui, la PMA est réservée aux couples hétérosexuels dont l’infertilité est médicalement constatée. La balle est désormais dans le camp du législateur.
En revanche, si le CCNE s’est de nouveau prononcé en faveur de l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules, il a réaffirmé dans son rapport l’interdiction de la gestation pour autrui, évoquant « un processus possible de marchandisation du corps humain. »