Cinq associations de défense des droits LGBT+ – STOP homophobie, Mousse, Adheos, Familles LGBT et Adefho – ont déposé ce jeudi 12 décembre une plainte contre le chanteur camerounais Snoopy la Mélodie et son producteur, Gouvernement Prod., pour incitation à la haine et injures homophobes. Cette action s’inscrit dans un contexte préoccupant de recrudescence des violences LGBTphobes, notamment au Cameroun, pays d’origine des auteurs présumés.
Une chanson aux paroles explicites accessible en France
Le titre controversé, ‘Les nerfs des boys’, publié le 11 octobre 2024, comporte des paroles explicites telles que « Poignardez, poignardez les pédés » ou encore « Nous, on déteste les pédés ». Ce morceau, diffusé sans restriction sur des plateformes comme Spotify, Deezer, YouTube, TikTok ou encore Apple et Amazon Music, reste librement accessible en France.
Selon les associations, cette chanson dépasse le cadre de la liberté d’expression en incitant ouvertement à la violence contre les personnes homosexuelles. Des t-shirts portant le slogan « Poignardez les pédés », illustrés d’un couteau ensanglanté, ont également été diffusés.
Une situation alarmante au Cameroun
Cette affaire reflète une montée inquiétante de l’homophobie au Cameroun, où l’homosexualité est punie par la loi et où des actes de violence ciblant les minorités sexuelles sont régulièrement dénoncés. Des organisations internationales comme Amnesty International et Human Rights Watch documentent des cas de détentions arbitraires, de tortures et de lynchages.
Alice Nkom, avocate camerounaise et présidente de l’association Adefho, alerte sur la gravité de la situation : « Une chanson qui appelle à tuer les homosexuels circule librement. Pendant ce temps, des citoyens sont agressés quotidiennement, et l’État reste passif. »
Une plainte déposée en France
La plainte, déposée devant le Tribunal correctionnel de Paris, vise les délits d’injures publiques et de provocation à la haine ou à la violence, prévus par la loi française sur la liberté de la presse. Me Étienne Deshoulières, avocat des plaignants, souligne l’importance de cette procédure : « Ces propos ont des conséquences réelles, aggravant les violences contre les personnes LGBT+, notamment dans des contextes déjà fragiles comme celui du Cameroun, où des lynchages de gays et de trans ont été rapportés aux associations suite à la diffusion de la chanson ‘Poignardez les pédés’ »
Les associations demandent le retrait immédiat de la chanson des plateformes et des mesures exemplaires pour condamner de tels discours. Cette plainte marque une nouvelle étape dans leur engagement à lutter contre les discours de haine, où qu’ils se manifestent.
Une mobilisation pour protéger les droits fondamentaux
Cette plainte illustre la nécessité de répondre fermement aux discours de haine, quels que soient leur origine et leur support. Les associations demandent non seulement le retrait immédiat de la chanson des plateformes numériques, mais également des sanctions exemplaires pour dissuader toute banalisation de l’incitation à la violence.
« La lutte contre l’homophobie est un enjeu mondial. Il est impératif de prendre conscience de l’impact de ces propos et de défendre les droits fondamentaux des personnes LGBT+, en France comme ailleurs », conclut Terrence Khatchadourian, secrétaire général de STOP Homophobie.