En Afrique, où 31 états pénalisent l’homosexualité, la nomination de Gabriel Attal à Matignon continue de susciter des remous, bien que le continent ne soit pas en reste. Mais qu’en pense la rue africaine, notamment à Dakar ?
Mouhamadou : « Tu vois ici, au Sénégal, tout ce qui pourrait être dit de positif au sujet du parcours de monsieur Attal, pour savoir comment il a fait pour devenir le plus jeune premier ministre français à 34 ans est totalement balayé d’un revers de main. Les médias en quête de buzz, préfèrent mettre en exergue son homosexualité en rouge et en majuscule en une des couvertures des journaux, alors que cela ne sert à rien, si ce n’est à le dénigrer.
D’ailleurs, je m’en étonne, car au Sénégal il existe un article de loi du code de la presse datant de juillet 2021 et qui interdit aux médias de faire allusion à l’orientation sexuelle d’une personnalité publique, sauf en cas de délit ou de crime à caractère sexuel ».
Medoune, lui, préfère se mettre à la place du sénégalais lambda.
Medoune : « A part pour les gens cultivés, c’est un non-évènement. Pour les Africains, l’homosexualité d’un chef d’état ou d’un chef de gouvernement étranger constitue le cadet de leur souci, car ils estiment que ça ne les regarde pas. En ce sens, ils sont plutôt indifférents. Par contre quand il s’agit d’homosexualité au Sénégal, mon pays, là c’est tout autre chose et les gens n’acceptent pas ça. Il faudrait même un tsunami pour voir les mentalités changer à ce sujet ici, avec les leaders religieux que nous avons (N.D.L.R. : Le Sénégal réprime sévèrement l’homosexualité avec des peines pouvant aller jusqu’à 5 ans de prison ferme assortie d’une amende).
En revanche, là où les africains sont différents des Occidentaux, c’est que les Africains n’iront pas demandé aux Européens de pratiquer la polygamie, alors qu’a contrario, les Occidentaux cherchent absolument à vouloir imposer leur regard sur le traitement des minorités sexuelles et de genre aux Africains, ce qui crée beaucoup de frustrations ».