Prémices de son cahier sur la politique familiale, Alain Juppé, maire LR de Bordeaux et candidat à la primaire présidentielle de la droite a dévoilé dans un entretien sur La Croix ses propositions pour « agir pour les familles ».
Interrogé pour l’occasion sur la question du mariage pour tous et de l’adoption homoparentale, à laquelle il s’est également déclaré favorable, l’ancien premier ministre rappelle que « la société a évolué et qu’il faut regarder le monde tel qu’il est ! » : « La jeunesse, y compris une partie de celle élevée dans la religion catholique, trouve aujourd’hui normal que des personnes homosexuelles puissent civilement se marier. »
« On ne reviendra pas sur la loi Taubira »
« Cette aspiration-là, fait partie des acquis et on ne reviendra pas dessus. C’est la raison pour laquelle abroger la loi Taubira n’est pas une bonne idée », assurait-il déjà en 2014, dans une interview au magazine les Inrockuptibles, lorsque Nicolas Sarkozy proposait de l’abroger.
Soulignant donc « l’évolution de la composition » et « besoins spécifiques des familles », Alain Juppé précise qu’il « marche avec son temps » et ne souhaite pas « rouvrir des blessures qui sont en train de cicatriser. »
La question du mariage pour tous ne devrait donc pas faire, de son côté, débat dans la primaire de la droite : « La société française a surtout besoin d’apaisement. Regarder le monde tel qu’il est, c’est aussi prendre la pleine mesure de tous les besoins des familles et les services qu’il faut leur apporter ». Il pense notamment au besoin d’information des familles pour l’orientation de leurs enfants. Au besoin de souplesse dans l’organisation du travail, pour le rendre mieux compatible avec les temps familiaux (…) « je parle conformément à mes convictions, et non en regardant ce qui pourrait éventuellement être mon intérêt purement électoral », ajoute-t-il.
Si « l’opinion se mobilise toujours fortement sur ces questions, personne ne doit oublier que les racines chrétiennes de la France, c’est aussi l’amour du prochain, la compréhension de l’autre et non sa stigmatisation ou sa condamnation, voire la violence. C’est en tout cas ainsi que j’ai été formé dans la religion catholique. N’est-ce pas précisément ce que rappelle le pape François ? »
Sur la question de l’adoption, s’il pense toujours que « faire naître un enfant est un acte d’amour entre un homme et une femme », en revanche, « quand l’enfant est là, il faut lui permettre de s’épanouir dans la sécurité pour son bien être et son avenir. » C’est la raison pour laquelle, après avoir « bien entendu vérifié que les conditions d’épanouissement de l’enfant sont réunies », il s’est prononcé en faveur pour les couples de même sexe.
Il réaffirme néanmoins son opposition à la procréation médicalement assistée pour les couples de femmes, qui doit-être selon lui « strictement réservée aux couples hétérosexuels stériles en âge de procréer ». Et il reste « radicalement hostile » à la gestation pour autrui : un « saut anthropologique qu’il ne faudra jamais franchir ». Il est contre le fait que « l’état civil français prenne en compte les GPA pratiquées à l’étranger », et promet aussi de s’opposer à ce que « les jurisprudences de la Cour de cassation et de la Cour européenne des droits de l’homme veuillent légaliser de fait » la pratique.
Autrement, avec son plan d’économies structurelles de 85 à 100 milliards d’euros, propose de relever dès 2017 le plafond du quotient familial de 1 500 à 2 500 € par demi-part pour toutes les familles, de rétablir le versement de la prime à la naissance dès le 7e mois de grossesse, d’augmenter le plafond des donations des grands-parents pour leurs petits-enfants et d’alléger les cotisations sociales des particuliers employeurs afin de favoriser la garde d’enfant à domicile.
Valentine Monceau
stophomophobie.org