En campagne pour sa réélection, le président polonais Andrzej Duda a repris pour cible la communauté LGBT de Pologne, s’engageant, avec la publication d’une « Charte de la famille », à interdire dans les institutions publiques « la propagation de l’idéologie LGBT », qu’il assimile à du « néo-bolchévisme ». Il a également renouvelé son opposition au mariage de personnes de même sexe et à leur accès à l’adoption, s’adjoignant ainsi le soutien de la puissante Eglise catholique et de la partie traditionnelle de la société polonaise.
Or, s’il reste favori du premier tour du scrutin, ajournée au 28 juin – après l’échec de son organisation en mai à cause de la pandémie et de doutes constitutionnels – l’écart avec son principal rival, le maire centriste de Varsovie, Rafal Trzaskowski, semble diminuer et leurs chances sont égales au second tour, selon les sondages. D’où ce recours au statut des personnes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres), qui avait déjà constitué le thème majeur de la campagne législative en octobre, remportée par le Parti Droit et Justice (PiS), dans un contexte d’homophobie dans ce pays où nombre d’entités territoriales ont adopté des résolutions pour se déclarer « zones libres de l’idéologie LGBT ».
La victoire d’Andrej Duda, qui peut compter sur un soutien d’environ 40% des électeurs, ne ferait donc qu’assurer la stabilité pendant les cinq prochaines années de ces mêmes conservateurs nationalistes. Notons, qu’outre les atteintes à l’Etat de droit et aux libertés civiques, le PiS est aussi confronté à des accusations d’abus de pouvoir et de gaspillage des fonds publics.
Rafal Trzaskowski lui s’est déclaré ouvert notamment à l’idée de l’union civile ou « union de partenariat » pour tous, terme absent de la législation polonaise. Ayant rejoint la course après l’échec de l’organisation de la présidentielle dans les délais constitutionnels, le 10 mai, M. Trzaskowski a réuni en cinq jours près de deux millions de signatures de soutien.