Cofondateur de l’association Shams, qui milite notamment pour la dépénalisation de l’homosexualité, l’avocat Tunisien Mounir Baatour vient de confirmer, ce jeudi 8 août, sa candidature à l’élection présidentielle anticipée du 15 septembre prochain, avec le dépôt de près de 20.000 parrainages citoyens vérifiés, soit bien au-delà des 10.000 nécessaires.
« Une première pour cette jeune démocratie et dans le monde arabo-musulman ! »
A la tête du Parti libéral et fort d’un programme économique, écologique et social, « résolument réformateur », il espère pouvoir décliner ses propositions pour convaincre l’électorat. L’Instance indépendante chargée des élections (ISIE) annoncera les résultats ce 31 août.
« Ma préoccupation première est la vie quotidienne des Tunisiens. Les Libéraux soutiendrons aussi, dans les 21 des 27 circonscriptions du pays, des représentants aux législatives du 6 octobre 2019 », ajoute M. Baatour.
Un candidat ouvertement gay brigue la présidence de la Tunisie 🇹🇳 j’espère que cela annonce une progression des droits des minorités dans cette partie du monde ✊🏻 https://t.co/04gNn2WP6A
— Arnaud.STOPHomophobie (@APFB7511) August 9, 2019
Une quinzaine d’associations LGBT+, dont plusieurs « signataires anonymes », d’Afrique du Nord et Moyen-Orient, estiment toutefois sa candidature comme « une menace », « un danger » pour la communauté, l’accusant d’abus et comportement inappropriés, d’« outing comme moyen de lutte pour la cause », ou de « normalisation avec l’entité sioniste » (sic).
Mounir Baatour réfute. « Je risque ma vie tous les jours depuis la création de Shams. Et je n’ai jamais eu de plainte à mon encontre, après des années d’aides pro domo de dizaines de gays en prison », affirme-t-il. « Il va de soi que les propos rédigés dans cette pétition sont parfaitement diffamatoires. Aucun plainte n’a jamais été déposée contre moi. Je répondrai légalement en temps et en heure, après les élections. Je regrette seulement que des organes de presse sérieux aient relayé cet élément sans se donner la peine de me contacter. Et c’est particulièrement le cas en France, alors même que ma candidature déchaîne les « passions » homophobes sur les réseaux sociaux, sans surprise. »
En mai 2018, Mounir Baatour et l’avocate camerounaise Alice Nkom ont reçu le prix pour la liberté, des mains de l’ambassadeur de France pour les droits de l’homme, François Croquette, à l’Assemblée nationale, à Paris.