Act Up Paris a jugé mardi « précipitée » la décision de l’Agence américaine du médicament d’autoriser la mise sur le marché du Truvada, premier traitement de prévention contre le sida destiné aux personnes à risques, dans un communiqué. Au contraire Warning appelle à sa mise sur le marché français.
Pour Act Up Paris, « la FDA montre son mépris de la recherche, qui n’a jamais donné de preuves suffisantes d’une efficacité du Truvada en prévention », alors même que cette décision intervient « à quelques jours du lancement de la conférence de Washington (du 22 au 27 juillet), moment clé de la lutte contre le sida, où les grandes orientations de la recherche sont décidées ».
Suivant une recommandation d’un comité d’experts, la FDA a approuvé lundi cet antirétroviral du laboratoire américain Gilead Sciences, « afin de réduire le risque de transmission du virus du sida (VIH) à des sujets sains à haut risque d’être contaminés », a précisé l’agence dans un communiqué.
Act Up Paris se dit « en colère contre cette décision, car la précipitation mal informée, en matière de prévention, se compte en contaminations ».
Selon l’association, « les chiffres d’efficacité aujourd’hui disponibles montrent une réduction du risque de transmission chez des homosexuels masculins et trans de 44% avec un intervalle de confiance allant de 15% à 63%, indiquant une reproductibilité très incertaine de ces résultats ».
« Laisserons-nous encore longtemps les lobbys du médicament dicter leurs règles à notre communauté, au mépris de notre santé ? », interroge l’association, qui souligne que l’annonce de la FDA « avait été reportée à septembre par les autorités américaines, qui disaient manquer de garanties de la part du laboratoire Gilead ».
Ce dernier « bénéficiera d’une rente considérable sur ce médicament, dès qu’il sera mis à disposition des gays américains », insiste Act Up.
A l’opposé de cette prise de position, l’association de santé gay Warning demande « qu’en France, ce même produit soit disponible le plus rapidement possible et pris en charge par la sécurité sociale ».
« La décision de la FDA est le résultat d’une part de plusieurs études qui montrent une réduction du risque de transmission – cette réduction est d’autant plus forte que l’observance, c’est-à-dire la régularité de la prise, est élevée – et d’autre part d’un vrai débat mené par une commission qui s’est prononcée en mai dernier avec d’écrasantes majorités pour que le Truvada soit disponible pour les populations les plus vulnérables face au VIH (homosexuels séronégatifs et partenaires de personnes séropositives) », argumente Warning.
« En France, le groupe d’experts, sous la direction du Pr Yeni, a émis un avis sur la PReP ouvrant la voie à une utilisation individuelle du Truvada en prophylaxie pré-exposition. Maintenant il est vital d’imposer au laboratoire pharmaceutique un prix raisonnable pour que la sécurité sociale puisse rembourser ce nouvel outil de prévention important », poursuit Warning.
Le Truvada, pris quotidiennement, est destiné « à être utilisé à titre prophylactique avant un contact avec le VIH, en combinaison avec des pratiques sexuelles sûres comme l’usage de préservatifs et d’autres mesures de prévention – dépistage régulier et traitement d’autres maladies vénériennes – pour empêcher la transmission du virus chez des adultes à haut risque », a souligné la FDA.