L’année dernière, et pour la première fois, un collectif de militantEs et d’organisations, qui ne se reconnaissaient plus ou pas assez dans la désormais traditionnelle Marche des Fiertés, lançaient une « Pride de Nuit » pour « renouer avec la dimension revendicative » de l’événement.
Il n’était déjà tout simplement pas possible que « la plus grande manifestation annuelle de ce pays ne porte aucune revendication, contribuant ainsi à l’idée que tout va bien et que le mariage aurait été la solution universelle quand toute une partie de la communauté est en danger », indiquait Gwen Fauchois, à l’origine de l’initiative. Aujourd’hui il est plus que jamais nécessaire de « réaffirmer et de construire des solidarités entre touTEs ceLLEux dont les vies compteraient moins ». A un an de l’élection présidentielle en France, « nous ne laisserons pas au seul gouvernement le soin de faire son propre bilan, ni de réécrire l’histoire… »
« L’ouverture du mariage entre personnes de même sexe devait être le point de départ d’une politique de remise en cause des mécanismes institutionnels qui produisent de l’inégalité. Elle n’en a été qu’un aménagement très partiel », déplorent les organisateurs dans leur communiqué. La loi demeure en effet « inachevée et discriminatoire » : « Les ressortissantEs de onze nationalités sont excluEs du dispositif et ne peuvent toujours pas épouser leurs compagnEons, ou encore les couples de lesbiennes sont forcés de se marier et d’adopter leurs propres enfants pour leur garantir une véritable protection juridique.
Pire, au prétexte d’un arbitrage raisonnable, l’homophobie a été légitimée et installée en simple divergence d’opinion, quant elle aurait dû faire l’objet d’une condamnation ferme, unanime et immédiate. De délit, l’homophobie est devenue expression d’une opinion. »
« Ce choix de composer avec les forces réactionnaires au prétexte de les apaiser est une constante de ce quinquennat », s’insurgent également les organisateurs, qui rappellent en outre que « le Parti Socialiste a d’emblée livré les rapports de force politiques et les luttes sociales aux pressions des conservateurs/trices. Aujourd’hui, il fait pire en réprimant ces luttes, sans lesquelles aucun changement réel n’est possible.
Que le Parti socialiste ne compte pas sur nous pour lui servir de caution progressiste, ni jouer les figurantEs de leur plan de communication !
Nous ne soutiendrons pas une politique qui vise :
• à s’accommoder des discriminations institutionnelles qui perdurent, qu’elles soient LGBTI-phobes, sexistes ou racistes,
• à démanteler le système de santé au profit d’intérêts privés,
• à réprimer les migrantEs,
• à fragiliser davantage les plus vulnérables,
• à instaurer un état d’urgence permanent,
• à criminaliser les luttes sociales,
• à instaurer une dérive antidémocratique, autoritaire et sécuritaire,
• à généraliser la précarité.
Nous voulons :
• de véritables politiques de lutte contre les LGBTI-phobies et le sexisme,
• l’accès libre et gratuit au changement d’état civil fondé sur la seule autodétermination,
• l’arrêt des mutilations génitales et des traitements non consentis sur les personnes intersexes et/ou trans,
• l’ouverture du droit à la PMA à toutes et tous,
• la réforme de l’établissement de la filiation et son inscription sur la base de l’engagement,
• une politique de santé publique respectueuse de critères humains et sanitaires et non économiques,
• des moyens concrets et d’ampleur contre l’épidémie de sida,
• l’arrêt des politiques discriminatoires, stigmatisantes et répressives contre les personnes racisées, les migrantEs, les travailleurSEs du sexe et les classes populaires,
• la fin des politiques austéritaires et de précarisation. »
Ainsi, après le succès de la précédente édition, un nouveau rendez-vous est donc prévu ce mardi 28 juin à 18h30, avec un départ depuis la place de la « Fontaine des Innocents » à Paris (Métro Châtelet, les Halles), jusque celle « Baudoyer », devant la mairie du IVème arrondissement.
« Face à toutes les violences, de Stonewall à Orlando, en passant par l’épidémie de sida, nous avons su chaque fois nous rassembler, nous relever et défendre nos vies et nos droits. »