Environ 1.500 personnes ont participé mardi à la marche annuelle des fiertés à Katmandou, organisée depuis 2010 entre les mois d’aout et septembre pour coïncider avec la fête hindoue Gai Jatra (« le festival de la vache »), où le peuple critique le gouvernement avec des déguisements satiriques représentant des personnalités politiques, et les croyants demandent « paix et salut » pour leurs proches défunts.
L’occasion également pour les LGBT de rendre hommage aux membres de la communauté décédés et d’attirer l’attention sur leurs revendications d’égalité, en présence cette année dans le défilé de l’ambassadrice des Etats-Unis.
« Tous les ans nous célébrons ce festival de la fierté pour montrer que nous voulons être reconnus dans la société avec nos différentes identités, que nous faisons partie de la société », a déclaré Pinky Gurung, responsable de la Blue Diamond Society, principale association locale de défense des droits des LGBT.
Car si le Népal est bien l’un des pays d’Asie du sud avec les lois les plus progressistes sur la question, les discriminations demeurent, même si déjà interdites par la Constitution, et la plupart des gays, bis et transgenres vivent dans l’ombre de la société, éprouvant par ailleurs les pires difficultés pour décrocher un travail stable ou qualifié, et pour devenir propriétaires.
Le pays n’a d’ailleurs dépénalisé l’homosexualité qu’en 2008. Mais en 2013, la Cour suprême a toutefois ordonné l’ajout d’une troisième catégorie aux passeports pour que les personnes transgenres n’aient plus à se définir comme « homme ou femme ».
« Le gouvernement nous a donc reconnu, mais il devrait faire plus. Les personnes faisant partie du troisième sexe comme nous devraient pouvoir se montrer au grand jour, la société devrait nous accepter », estime Kirti Gurung, militante de 21 ans.
Le mois dernier et pour la première fois dans le pays, une femme transgenre, Monika Shahi Nath, 40 ans, a enregistré son mariage avec un Népalais, Ramesh Nath Yogi. Le couple a tenu ce samedi 5 août une conférence de presse pour « éveiller » l’opinion et les politiques. Mais la légalité de leur union reste floue en l’absence de loi reconnaissant le mariage pour tous les citoyens adultes et consentants, malgré les recommandations d’une commission d’experts préconisant dès 2015 un changement législatif, instaurant une égalité totale des droits, y compris en matière de parentalité, de protection des enfants ou encore de prestations sociales, de fiscalité et de droit successoral.
Joëlle Berthout
stophomophobie.com