Le Conseil de Prud’hommes de Paris a rendu un jugement en décembre 2015, publié dans la presse en avril 2016, déclarant que le terme de « pédé », envoyé dans un SMS transmis par erreur sur le mobile de l’intéressé, ne pouvait être retenu comme un propos homophobe mais comme une injure, sanctionnée par la condamnation de l’employeur, responsable d’un salon de coiffure, par une indemnisation de 5.000 euros pour le salarié, à titre de dédommagement.
« Je ne garde pas X., je le préviens demain, […] je ne le sens pas ce mec : c’est un PD, ils font tous des coups de putes. »
L’employeur affirme de son côté que le terme, bien qu’inapproprié, « est entré dans le langage courant et qu’il n’a aucun sens péjoratif ou homophobe dans l’esprit de la manager ». La société signale enfin que « cette affaire concerne le secteur de la coiffure, où la communauté homosexuelle est très représentée ».
Une argumentation que le conseil a suivi, affirmant que puisque qu’« il est reconnu que les salons de coiffure emploient régulièrement des personnes homosexuelles […] sans que cela ne pose de problèmes », « pédé » ne pouvait être jugé homophobe
Le terme se réfère pourtant à « pédéraste », dont il est un « raccourci populaire », désignant l’attirance d’un homme adulte pour un garçon plus jeune, généralement un adolescent. Basée sur l’amalgame entre l’homosexualité masculine et la pédophilie, qualifier une personne de « pédé » est incontestablement une insulte homophobe. Et travailler dans une entreprise de coiffure ne devrait pas constituer une exception. Le raisonnement du conseil des prud’hommes banalise des propos qui reflètent l’homophobie ordinaire, et constituent une infraction pénale.
Le défenseur des droits est présent aux côtés de l’employé. Slimane Laoufi, chef du pôle emploi privé de l’institution, ne s’explique pas les « énormités » contenues dans la décision, rendue par des juges non professionnels. « Le conseil de Paris a une grosse activité, ils ne sont pas loin de la professionnalisation, relève-t-il. Le préjugé devient un fondement juridique, on est complètement en dehors du droit. » L’employé est « extrêmement sensible à l’ensemble des messages de soutien reçus », selon son avocat. Il a fait appel.
Si vous souhaitez également le soutenir, plusieurs pétitions ont été mises en ligne pour réclamer la révision du jugement et inviter le Conseil à présenter des excuses.