A l’occasion de la Coupe du monde de football, et à la demande des autorités qatariennes, qui financent également les frais annexes (de déplacement, logement, avec prime), la France devrait envoyer quelque 220 agents, « principalement issues de la gendarmerie nationale et de la sécurité civile », pour sécuriser la compétition, prévue du 20 novembre au 18 décembre.
Un contingent d’experts donc, ainsi que du matériel, comme le souligne le ministère de l’Intérieur, appelés à apporter une « assistance technique et opérationnelle », « de haut niveau et spécialisée », aux forces de sécurité d’un État criminel, qui bafoue les droits humains et persécute les personnes LGBT+. Mais « ce n’est pas une première, la France l’a déjà fait pour d’autres événements à l’étranger ».
L’accord a été signé en mars 2021, ratifié par le Sénat en février dernier et acté lors d’un vote à l’Assemblée nationale ce 4 août, pour son entrée en vigueur dès le 1er novembre. Son approbation était indispensable pour sécuriser le statut juridique de ces gendarmes et policiers français déployés sur le territoire qatarien. Ils vont devoir « y faire régner l’ordre ». N’est-ce pas cautionner ?
Autrement, ils auraient été « soumis au droit local et donc exposés à des risques importants… La peine de mort, en cas d’incident », a rappelé le ministre du Commerce extérieur et de l’attractivité Olivier Becht.
La France reconnaît ainsi que la législation qatarienne est dangereusement attentatoire aux droits humains et estime par conséquent qu’il faut en protéger les forces de sécurité française, mais pas les supporters étrangers ou spectateurs LGBT+, invités à faire preuve de « discrétion », pour ne pas « insulter toute une société », avait déclaré Abdulaziz Abdullah Al Ansari, haut responsable chargé de la sécurité du Mondial. Et pour les athlètes, et autres victimes locales ?
Des députés de divers groupes politiques ont dénoncé cet accord de sécurité.
« La diplomatie, ce sont aussi des signes que l’on adresse, des rapports de force que l’on crée, des yeux que l’on ne ferme pas quand les droits humains élémentaires sont méprisés », a expliqué Olivier Faure (PS).
« Nous avons des valeurs à défendre et nous refusons de cautionner un pays qui les bafoue », a poursuivi Jérôme Guedj (PS).
Michel Castellani (LIOT) a noté « que les supporters étrangers venant assister à la Coupe du monde ne devraient pas être épargnés puisqu’en principe il n’y aura pas pour eux d’exception aux lois du pays même lors de l’événement et on sait que les relations homosexuelles comme toute relation sexuelle hors mariage sont punies de sept ans d’emprisonnement et de cent coups de fouet. Bien des pays, dont la France, ne s’honorent donc pas à contribuer activement à l’organisation de cette Coupe. »
En effet, comme l’a également rappelé Benjamin Lucas (LFI), « Au Qatar, l’homosexualité est punie de la peine de mort. Valoriser l’homophobie dans le monde et jusqu’à la table du Conseil des ministres, qu’est-ce donc si ce n’est un reniement ou, tout au moins, une lâcheté ? ».