Quand Christine Boutin se « lâche » : « L’homosexualité est une abomination. Mais pas la personne »

L’ancienne présidente du Parti chrétien-démocrate s’est « confiée » cette semaine dans une interview fleuve à la revue trimestrielle Charles. Elle nous raconte ainsi son mariage, ses histoires de cousins. Elle aborde le propos de sa sexualité. En même temps on l’interroge sur le sujet. Si, si… il y en que ça intéresse. Et puis, elle évoque aussi les prouesses de Dominique Strauss-Kahn. Elle ne comprend pas ce qu’il y a d’extraordinaire à sauter une fille. « Je pense qu’il en a sauté pas mal ! Pourquoi joue-t-on le patron du FMI sur un truc pareil… une affaire de coucherie. ».  Et bien évidemment, elle parle d’homosexualité. Comment l’occulter ? Sans la théorie du complot LGBT, plus de Boutin.

« Je n’ai jamais condamné un homosexuel. L’homosexualité est une abomination. Mais pas la personne. Le péché n’est jamais acceptable, mais le pécheur est toujours pardonné. (…) J’ai des amis homosexuels. (…) Ils sont pécheurs comme je le suis, on est tous pécheurs. Je suis dans le péché, moi aussi, je suis une pécheresse, mais vous ne me verrez jamais faire l’apologie d’un péché. »

On se rappelle tous pourtant que Madame Boutin a félicité notamment l’Inde lors de l’adoption d’une loi criminalisant jusque la peine de mort les personnes LGBT. « Que celle ou celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre »?
En d’autres mots, Boutin assume ne pas du tout pouvoir interpréter le rôle de la sainte vierge. Avoue dans l’ombre, vivre, comme tous, avec sa part de péchés, mais s’octroie la place du juge ! Madame n’est pas non plus le Pape.

« On s’imagine que je suis une bonne femme dans le formol (…) Mais je suis comme tout le monde, j’aime la vie. La sexualité fait partie de la nature humaine. Je ne dis pas : ‘Mettez votre ceinture de chasteté !’ Bien au contraire…
Nous, les femmes, avons vraiment la séduction inhérente à notre ADN, de façon encore plus profonde que les hommes. Et c’est du reste pour ça que les femmes entre elles sont tellement dures. Il y a des compétitions de séduction très fortes entre les femmes. »

Et oui, Christine Boutin est une femme, comme les autres, et elle peut souffrir. Elle souffre beaucoup d’ailleurs lorsqu’on assimile son mariage à de l’inceste et qu’on lui explique qu’elle risque de mettre en péril des enfants… toutes les prochaines de ses générations qui pourraient bien développer des aberrations chromosomiques, et qui n’auront pourtant rien demandé : « Je ne vois pas ce qu’il y a de mal à se marier avec son cousin germain. Ni la République ni ma religion ne me l’interdisent! Cela fait belle lurette qu’il n’est plus mon cousin ! Des cousins, j’en ai d’autres, je ne me suis pas mariée avec eux ! (…) C’est ce que sous-entendent ces personnes [ceux qui critiquent] qui me blesse. Elles sous-entendent l’inceste. Je ne suis pas quelqu’un d’incestueux. »

Il est en effet souvent constaté que l’amour ne choisit pas. C’est comme ça ! Bienheureux par conséquent que la république ou « SA » religion ne s’y soit pas opposée à son union. Vous imaginez ? Quel désarroi de ne pouvoir VIVRE pleinement ses sentiments parce que la sordide conviction des autres, n’est-ce pas ? Pour une farouche opposante à l’égalité des droits, qui part aux européennes avec d’anciens de la Manif pour tous, Christine Boutin aura donc contrevenu au fameux slogan pour finalement tout lâcher ou presque et faire son buzz de la semaine.

« En politique, tout est permis pour tuer. ON utilise tout. »

S’il s’agissait de nous faire « croire » qu’elle a changé d’image pour racoler des élus, et soi-disant défendre « les valeurs de la chrétienté » au Parlement européen, c’est hors jeu. Des politiques qui tuent et déclarent des guerres… c’est pas franchement catholique ni d’ailleurs compatible avec un « label anti-système » et fondé sur « la vie ».

Terrence Katchadourian
@stop_homophobie

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