Quand le Saint-Père demande pardon pour les crimes pédophiles dans l’Église

Le pape François a « demandé pardon » vendredi pour les crimes pédophiles dans l’Église, promettant des « sanctions sévères« , tout en élevant sévèrement la voix contre des « manipulations éducatives » dans la société contemporaine.

Dans un discours à double détente, le pape argentin a pris sur lui pour la première fois le « mea culpa » de l’Eglise entière, en reconnaissant les graves dommages provoqués par un « petit nombre de prêtres » sur les enfants et promettant des « sanctions très sévères ».

Mais il a attaqué aussi ce qu’il conçoit comme des dérives de la société contemporaine, en fulminant contre « tout type d’expérimentation éducative », qui mettrait selon lui en danger la psychologie des enfants.

L’occasion de cet important discours a été une audience accordée au Bureau international catholique de l’enfance (BICE).

François a, comme Benoît XVI en 2010, demandé pardon solennellement, dans une partie de son discours improvisée: « Je me sens dans l’obligation d’assumer tout le mal commis par quelques prêtres – un petit nombre évidemment au regard de tous les prêtres – et de demander personnellement pardon pour les dommages qu’ils ont causés en abusant sexuellement d’enfants », a déclaré Jorge Mario Bergoglio.

« L’Eglise est consciente de ce mal. Nous ne voulons pas reculer en ce qui concerne le traitement de ce problème et les sanctions qui doivent être prévues ». Au contraire, a ajouté le souverain pontife, « je crois qu’elles doivent être très sévères ! On ne joue pas avec les enfants ! »

Le Vatican a été critiqué en janvier par le comité des droits de l’enfant de l’ONU pour continuer à protéger certains prêtres coupables et ne pas obliger les épiscopats à dénoncer systématiquement les crimes. Des organisations d’anciennes victimes ont été particulièrement irritées quand celui-ci a semblé renvoyer la balle à la société.

Le pape François a poursuivi son discours avec une rare virulence, vitupérant contre ce qu’il appelle « la pensée unique » de la société libérale, notamment dans l’éducation, confirmant bien ainsi son ancrage conservateur. « Je voudrais manifester mon refus de tout type d’expérimentation éducative avec les enfants. On ne peut faire des expériences avec les enfants et les jeunes », a-t-il insisté.

Ces propos sont à lire dans le contexte tendu en Europe du débat sur de nouvelles normes pour l’éducation sexuelle, et les controverses notamment autour de la « théorie du genre ».

Le pape a encore réaffirmé la vision d’un mariage entre un homme et une femme, sans évoquer d’un mot les mariages entre gays. « Il importe de répéter le droit des enfants à croître avec un papa et une maman capables de créer une ambiance favorable à leur maturation affective. La maturation peut continuer à se faire en relation à la masculinité et à la féminité d’un père et d’une mère ». François a demandé à toutes les personnes impliquées dans la défense des droits de l’homme de préserver une bonne « formation anthropologique », face aux « défis » que représentent pour la famille et l’éducation « les cultures contemporaines et la mentalité diffusées par les médias ».