Vendredi dernier, aux abords du bois de Pau, un lieu plutôt connu des joggeurs, mais aussi des adeptes de rendez-vous coquins, un quinquagénaire croise un jeune homme avec qui il va d’abord converser puis échanger son numéro de téléphone. Pendant le week-end, les messages se succèdent, et les deux hommes conviennent finalement de se retrouver le lundi suivant, dans l’après-midi, au même endroit. Mais la partie fine vire au guet-apens.
Cinq individus attendent le quinquagénaire qui, sous la menace d’un cutter, est contraint de les suivre. Dans le huis clos d’une chambre d’hôtel, la soirée verse dans le sordide. La victime relate les humiliations subies, les prévenus parlent de relations sexuelles tarifées. Avant de partir, ils extorquent 200 €, la carte bleue et un plein d’essence.
Le groupe finit par abandonner la victime, avec menace de l’accuser de détournement de mineur, des fois que l’idée lui vienne d’en parler à la police. Car ce que le quinquagénaire ignore, c’est que trois de ses agresseurs sont des adolescents de 14 à 16 ans.
Mais, l’homme n’est pas coupable. Originaire de la Côte basque et de passage en Béarn où vit sa famille, il a été piégé dans une mésaventure qui aurait pu tourner pire. Il en a conscience, et juge nécessaire d’en prévenir les autorités.
Et puisqu’il a pensé à relever le numéro d’immatriculation du véhicule des individus, il se rend donc au commissariat de Pau pour tout expliquer.
Les policiers de la Sûreté départementale font rapidement le rapprochement avec cinq jeunes Roumains placés en garde à vue, le week-end précédent, à Bayonne, suite à un contrôle routier au cours duquel des objets volés avaient été retrouvés dans leur véhicule. Les jeunes gens, qui vivaient dans leur voiture, avaient repris la route aussi sec et ont finalement été interpellés à Pau.
Des faits passibles des assises, rappelle le parquet. Ce sera finalement une comparution immédiate pour les deux majeurs âgés de 21 et 19 ans, convoqués jeudi devant le tribunal correctionnel. Leur maîtrise de la langue française n’aide pas les débats. Ils n’ont pas non plus d’avocat, en raison d’un mouvement de grève. A la barre, les deux prévenus nient en bloc mais leurs explications ne tiennent pas la route.
Le tribunal prononce 3 ans ferme à l’encontre du plus jeune, récidiviste, et va au-delà des réquisitions s’agissant du deuxième en prononçant 18 mois ferme. Ils font également l’objet d’une interdiction du territoire français pendant cinq ans. Tous deux sont interdits du territoire français pour une durée de cinq ans. Les trois mineurs ont été présentés à un juge des enfants et placés en foyer.