Qui sont vraiment les Hommen toulousains ?

Leur intervention jeudi soir dans le centre de Toulouse a divisé le public. Collectif informel et mystérieux, adversaires du mariage pour tous, les Hommen comptent désormais plusieurs étudiants toulousains dans leurs rangs.

«Notre masque rassemble derrière lui l’ensemble des Français qui s’opposent à la loi Taubira,» s’exclame le leader des 17 hommes torse nu et visages camouflés se revendiquant des Hommen. Le groupuscule conservateur vient d’achever son intervention de dix minutes square Charles-de-Gaulle, alors que le ton monte dans la foule. Certains membres sont pris à parti verbalement par des passants favorables au mariage pour tous. Le chef Louis, impassible, poursuit son discours : «Nous irons jusqu’au retrait du projet de loi, en continuant de réaliser des actions coup-de-poing comme celle d’aujourd’hui.» Sur le profil type des membres : «Nous sommes des citoyens lambdas, pour la plupart des étudiants en licence, en master ou en classe préparatoire. La majorité des participants d’aujourd’hui sont toulousains.» Les réseaux sociaux ont mis en relation les volontaires, pour aboutir à l’intervention de jeudi soir.

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Les vrais Hommen pas au courant

Joint par téléphone, un membre du comité parisien des Hommen, Henri, affirme avoir découvert l’existence d’une succursale toulousaine en même temps que le grand public. «Cette opération s’est montée sans l’aval de l’équipe nationale. Après étude, nous l’avons estimée conforme à la charte de notre mouvement. Nous constatons d’ailleurs à travers tout le pays la multiplication d’actions calquées sur les nôtres, se revendiquant des Hommen», poursuit le porte-parole officiel du collectif. Des émules ont en effet été répertoriés à Nantes, Caen et Versailles, s’inspirant du blocage de la rue de Rivoli à Paris le 15 avril. Henri détaille la création et les grandes lignes du mouvement, insistant sur la nature pacifiste de ses membres. «J’étais à la manif pour tous du 24 mars à Paris. J’ai vu les bavures policières sur l’avenue de la Grande-Armée. Nous avons été indignés par le comportement de Manuel Valls et l’absence d’écoute du gouvernement dans son ensemble. Les Hommen se sont formés en réaction à cela.»

Comme leurs nouveaux membres toulousains, le bureau parisien assure être détaché de partis politiques, de convictions religieuses ou de tout autre collectif opposé au mariage gay (Manif pour tous, Printemps français). Contrairement à leurs sous-traitants de la ville rose, l’organe officiel du mouvement garantit «ne pas s’adresser aux Femen, uniquement au gouvernement.» Ni une réponse, ni une antithèse des féministes originaires d’Ukraine, le porte-parole parisien est catégorique. Les Hommen toulousains devront donc mettre au point leur discours.


La manif n’était pas autorisée

Contrairement aux affirmations du chef des Hommen toulousains, le groupuscule n’a jamais déposé d’autorisation pour manifester square Charles-de-Gaulle, selon la préfecture. Ce qui explique la nervosité évidente d’un leader demandant à ses troupes d’accélérer le déroulement de l’opération jeudi soir, ainsi que la dispersion très rapide du collectif. L ‘absence des forces de police a laissé planer un risque de dérapage entre les Hommen et leurs opposants dans la foule. Mais aucun accrochage physique n’a été à déplorer. O. P.