Passé du portefeuille de l’Economie numérique à celui du Budget et des ressources humaines au 1er janvier, le commissaire européen Günther Oettinger doit être entendu lundi par trois commissions du Parlement de Strasbourg pour un « échange de vue », purement consultatif.
Mais dix ONG, parmi lesquelles « Transparency International », « Oxfam » ou « Corporate Europe Observatory » (CEO), lui reprochant d’avoir tenu à plusieurs occasions des propos « racistes, sexistes et homophobes », ont publié une lettre ouverte appelant les eurodéputés à s’opposer à sa nomination, qui doit être entérinée par le Parlement le 9 janvier prochain.
« Il n’inspire pas une confiance suffisante en matière d’éthique et de transparence, alors que la Commission européenne a été récemment secouée par des affaires impliquant déjà plusieurs de ses anciens membres », écrivent-elles, soulignant par ailleurs la « proximité » du commissaire avec des groupes d’intérêts privés.
Günther Oettinger avait effectivement provoqué un tollé en octobre dernier, après des propos controversés sur les Chinois notamment, qu’il qualifiait de « bridés », et leurs ministres « peignés de gauche à droite avec du cirage noir. » Au cours de cette même rencontre, diffusée sur Internet, mais qui avait lieu à Hambourg devant des chefs d’entreprises, il avait également fustigé l’opposition au traité Ceta de la Wallonie, « une région gérée par des communistes », et « le mariage gay » bientôt « imposé » dans son pays.
Mi-novembre, il était revenu sous le feu des critiques pour avoir voyagé à bord du jet privé de l’homme d’affaires allemand Klaus Mangold, lobbyiste proche du Kremlin. Soumis aux règles de l’UE, il n’avait pas officiellement fait état de cette rencontre auprès des institutions, rappelle l’AFP. Mais la Commission lui a néanmoins réaffirmé sa confiance, assurant qu’il n’y avait pas de conflit d’intérêt.
« 90% des réunions qu’il a tenu ont eu lieu avec des représentants d’intérêts privés, ce qui est le pourcentage le plus élevé de tous les commissaires. » Lorsqu’on est chargé des Ressources humaines, on « doit montrer l’exemple », insistent les ONG.
« Il est plus que jamais vital de prendre un engagement fort et crédible pour lutter contre la discrimination et agir en faveur de l’égalité pour tous ».
Günther Oettinger doit remplacer la Bulgare Kristalina Georgieva, qui a démissionné pour un poste à la Banque mondiale. Elle bénéficiait aussi du titre de vice-présidente de la Commission, ce qui n’est pas encore le cas d’Oettinger.
« Nous prenons note », a simplement déclaré Natasha Bertaud, porte-parole de la Commission, assurant que « l’opinion du Parlement serait prise en compte » par Jean-Claude Juncker, le président, déjà dans la tourmente.
Valentine Monceau
stophomophobie.com
