Sara, « Rara » pour les intimes, a bientôt 13 ans et des préoccupations de fillette qui s’apprête à entrer dans l’adolescence. Les garçons commencent à l’intéresser. Et elle ne raconte plus tous ses petits secrets à sa meilleure amie. Elle a l’âge où l’on se rend compte que « ce qu’on a toujours trouvé normal n’est pas forcément avouable à tout le monde. Comme le fait que maman ne vit pas avec papa, mais avec une autre femme… »
Premier long métrage de la réalisatrice chilienne Pepa San Martin, « Rara » est un véritable joyau. Homosexualité, famille recomposée, sortie de l’enfance… Rarement ces thèmes se seront si bien imbriqués dans un film, rarement ils auront été aussi intelligemment mis en scène du point de vue d’une enfant. Les plans-séquences, d’une fluidité étonnante, plongent immédiatement le spectateur dans le quotidien du personnage principal.
Le placement de caméra, qui joue habilement avec le hors-champ, permet de mettre en évidence la différence de perception entre Rara et son père, qui, lui, pose un jugement sur la relation de son ex-femme. Et les non-dits se lisent à merveille sur le visage et dans les regards de Rara, magistralement interprétée par la jeune Julia Lübbert, qui crève l’écran avec un naturel et une vivacité dignes de tous les éloges.
Inspiré d’une histoire vraie, « Rara » réussit à éviter tout militantisme appuyé. Il ne se laisse jamais aller à la tentation d’instrumentaliser les enfants.
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avec 20mn.ch