Le Kenya a entamé ce dimanche trois jours de deuil national en mémoire des 148 victimes (dont 142 étudiants, chrétiens en majorité) de l’attaque perpétrée par les Chabab, un commando djihadiste, ce jeudi, à Garissa, dans la province nord-est du pays.
Tout a été conçu pour susciter, dans un second temps, l’effroi, la peine et la colère : des étudiants surpris dans leur sommeil, chassés impitoyablement, triés en fonction de leur religion avant d’être abattus (les chrétiens) ou épargnés (les musulmans ou ceux en mesure de réciter une sourate du Coran), le tout assorti de propos provocateurs dont les assaillants se doutaient bien qu’ils seraient rapportés par les survivants, souhaitant notamment aux étudiants « de bonnes vacances de Pâques », comme le transmet l’Agence France-Presse, avant de décider qui achever, qui laisser vivre.
Ce désir d’apprendre, de s’élever socialement, de vivre mieux, c’est aussi ce que les assaillants ont frappé. Et d’espérer, sans doute, que dans l’émotion, des violences éclatent : violences interreligieuses, violences contre les Somali (un groupe du Kenya) ou contre des Somaliens réfugiés au Kenya. Le massacre a été revendiqué par le groupe somalien Al-Chabab (Harakat Al-Chabab Al-Moudjahidin, Mouvement de la jeunesse des moudjahidin).
« Notre colère justifiée ne doit déboucher sur aucune stigmatisation », a exhorté le chef de l’Etat en référence aux musulmans, Somaliens ou Kényans d’ethnie somali, souvent dénoncés ou victimes d’abus policiers après de telles attaques.
« Les terroristes veulent provoquer la peur et la division dans notre société, mais nous devons leur dire : vous ne vaincrez pas ! »
Les autorités kényanes ont annoncé avoir identifié l’un des quatre assaillants dont les corps ont été retrouvés à l’issue des 16 heures de siège: il s’agit d’un jeune Kényan d’ethnie somali, diplômé en droit et apparemment promis à un brillant avenir.
Hassan Ole Naado, un dirigeant du Conseil suprême des musulmans du Kenya a aussi mis en garde contre les haines entre communautés religieuses dans un pays qui se revendique chrétien à 80% mais où vit une importante communauté musulmane.
« Le Kenya est en guerre, nous devons tous rester solidaires », a-t-il dit, mettant en garde contre l’objectif des terroristes « de créer un conflit religieux ».
Depuis Rome, dans son message « Urbi et orbi », le pape a demandé au monde entier de prier pour les victimes des violences sur le continent africain: « Qu’une prière incessante monte de tous les hommes de bonne volonté pour ceux qui ont perdu la vie – je pense en particulier aux jeunes qui ont été tués jeudi à l’université de Garissa, pour tous ceux qui ont été enlevés ».