Les demandeurs d’asile africains ayant fui leur pays pour échapper aux préjugés ou aux violences contre l’homosexualité sont loin de trouver une vie rêvée en Afrique du Sud, seul pays du continent qui leur accorde en principe exactement les mêmes droits que les hétérosexuels, selon une étude publiée mardi.
« Il semble y avoir un fossé persistant entre les rêves et les attentes que les réfugiés nourrissent en venant en Afrique du Sud et leur vécu sur place », constate l’étude réalisée à partir d’entretiens par l’association Passop (Peuple contre la souffrance, l’oppression et la pauvreté).
« Ils arrivent avec de grands espoirs et des rêves, qui pour beaucoup ne sont toujours pas comblés. Ils s’attendaient à une vie meilleure en Afrique du Sud, libre de toute homophobie ou crimes haineux, mais ce n’est pas le cas », ajoute l’étude, dont l’échantillon de 25 entretiens montre que 90% de ces réfugiés sont sans travail et se sentent en insécurité à cause de leur sexualité.
Les townships, quartiers dortoirs et désargentés, sont considérés comme ultra-dangereuses, et la communauté noire ou métisse comme très intolérante, à quoi s’ajoute la xénophobie ambiante.
L’Afrique du Sud reconnaît en théorie l’homosexualité comme pouvant justifier le statut de réfugié, mais les mauvaises expériences sont monnaie courante, les demandeurs se heurtant à des questions stigmatisantes ou inappropriées durant la procédure, et seulement 14 ont sollicité l’asile pour cette raison.
« Parfois ils riaient de moi avec l’interprète et essayaient de me persuader de cesser d’être homosexuelle. Ils voulaient savoir pourquoi je me sentais attirée par les personnes du même sexe », a exposé notamment une femme lesbienne.
Cette discrimination dans les faits explique la difficulté à trouver un emploi, tout comme le manque de papiers en règle, seulement deux sur 25 ayant le statut officiel de réfugié.
Une personne interrogée sur cinq a confié avoir monnayé des faveurs sexuelles pour survivre, et neuf ont avoué avoir caché leur orientation sexuelle durant les entretiens d’embauche.
L’Afrique du Sud est le pays qui enregistre le plus grand nombre de demandes individuelles d’asile au monde, malgré sa mauvaise réputation en matière de traitement des étrangers. Elle enregistre 3.500 à 4.000 demandes d’asile chaque mois.
Ce nombre élevé de demandes individuelles – devant les Etats-Unis, selon l’UNHCR – s’explique en partie par les difficultés pour les étrangers d’obtenir une autorisation de travail au titre de l’immigration.