Yves Samson a « toujours su qu’il était homosexuel » mais souhaitait entrer dans les ordres. Il a d’ailleurs fait très tôt des démarches pour devenir prêtre au sein de l’Église catholique romaine. Interpellé sur son orientation sexuelle par Jean-Marie Fortier, l’ancien évêque de Nicolet (ville du Québec), Yves Samson, qui était alors célibataire, a déclaré son homosexualité. Il n’aurait pas pu avoir de conjoint ni se marier de toute façon. Mais, « à cause de la réponse honnête à cette question, tout s’est arrêté là ! », confie t-il sur le Journal de Montréal. Il croit qu’il est « possible de faire ce vers quoi on est appelé, homosexuel ou non ».
« Ça a été assez brutal. Tout à coup, mon avenir disparaissait. Comme Québécois francophone, je ne voyais pas d’autres options. Je me demandais ce que j’allais faire », se souvient l’homme de 50 ans. « Le refus n’a pas coupé les aspirations, mais ça a rendu le chemin impossible ». Il a donc réorienté sa carrière en communication.
Il a pourtant continué de prier, sans attachement à aucune religion. Il s’est réconcilié avec sa situation en lisant Les exclus de l’église, de John J. McNeill, un ex-jésuite homosexuel interdit au sacerdoce par l’Église catholique. « Je me disais que je n’étais pas tout seul », confie-t-il.
Et, lorsqu’il a appris, il y a 10 ans, qu’une communauté francophone chez les anglicans existait au Québec, M. Samson lui a rendu visite. « C’était semblable à mes racines. Dans la liturgie, je retrouvais tout ce que je connaissais. Je n’étais pas dépaysé ».
L’Église anglicane est une confession du christianisme dont l’origine remonte au XVIe siècle lorsque le roi d’Angleterre Henri VIII rompit avec le pape et Rome. Elle est chrétienne puisque fondée sur le Christ et ses enseignements. Catholique, donc universelle. Et réformée, car sa structure, constituée de laïcs, de diacres, de prêtres et d’évêques, a été rajeunie au XVIe siècle.
Animé par le désir de rendre service, il a écrit à l’évêque de la confession, pour lui expliquer son parcours. Yves Samson a alors été convoqué par le prélat qui lui a remis personnellement son premier mandat comme ministre laïc. Et, en 2011, il devient prêtre chez les anglicans.
« La question de l’homosexualité, avouée noir sur blanc, n’a jamais été abordée ».
Le responsable du clergé francophone, Pierre Voyer, confirme que son orientation sexuelle n’a pas constitué d’obstacle à son ordination, à laquelle son conjoint a assisté. En effet, Yves Samson est désormais en couple avec un homme depuis six ans. Et son conjoint l’accompagne régulièrement à la messe : « Quand il ne vient pas avec moi le dimanche, les gens s’inquiètent plus de son absence que de la mienne », plaisante l’homme de foi.
Un comité au sein de l’Église anglicane vient également de déposer un projet de réflexion sur la question du mariage des couples de même sexe. Il devrait être étudié au prochain synode général, en 2016. Et, si sa confession venait ainsi à l’autoriser, Yves Samson envisagera volontiers d’unir sa destinée à celle de son amoureux.