Katerina, homosexuelle, en couple:
Ce n’est pas juste. Si j’avais continué à me déclarer célibataire, j’aurais eu le droit d’adopter des enfants. Comme je me suis paxée, on me le retire. C’est injuste. C’est ce que moi j’appelle une discrimination.
La République tchèque est l’un des pays d’Europe centrale les plus progressistes en matière des droits des homosexuels, où le PACS existe depuis 9 ans. Pourtant, comme Katerina les couples gays et lesbiens ne peuvent adopter.
C’est une première dans le pays : deux femmes ont décidé d’attaquer l’Etat en justice pour ce qu’elles perçoivent comme une discrimination.
Veronika et Katerina, Sebastian, 6 ans, et Julia, 3 ans, forment une famille recomposée pas comme les autres. Les deux femmes avaient chacune un enfant quand elles se sont paxées. Parce qu’elles sont lesbiennes, la loi tchèque ne leur permet pas d’adopter l’enfant de leur partenaire. C’est cette restriction que Veronika, comme Katerina, voudraient voir censurée par la Cour Constitutionnelle :
Ma fille, la fille que j’élève, n’est pas légalement ma fille. D’accord notre médecin de famille est super et nous avons un entourage très compréhensif. Mais si ailleurs, dans le pays, la fille biologique de Katerina tombait malade, qu’elle doive consulter un autre médecin ou être admise à l’hôpital, je n’aurais aucun droit sur elle, ne pourrais prendre aucune décision.
Les deux femmes sont cependant conscientes de vivre dans un contexte bien plus favorable que les couples homosexuels dans la plupart des pays voisins d’Europe centrale et orientale. En République tchèque, l’Eglise ne joue pas un grand rôle et le PACS adopté en 2005 est, selon Katerina, entré dans les mœurs :
C’est une question de génération. Les gens changent, tout est beaucoup plus libre. Ce que les enfants voient à la télévision tous les jours mène, d’après moi, à une certaine diminution du racisme et des autres formes de discrimination.
Le meilleur allié politique des homosexuels s’appelle Jiri Dienstbier, nouveau ministre délégué aux droits de l’Homme. Ce social-démocrate de 43 ans, fils d’un ancien dissident, participe chaque année à la Gaypride à Prague, par solidarité. M.Dienstbier sait que la majorité gouvernementale de centre-gauche est divisée sur la question de l’octroi de nouveaux droits aux couples gays et lesbiens. Il va donc réformer avec prudence :
Il faut dans un premier temps résoudre la situation des couples homosexuels où les enfants sont les enfants biologiques de l’un ou de l’autre des partenaires. Il faut donner un statut à l’autre partenaire. Faire en sorte que le lien entre l’enfant et la compagne de sa mère, ou le compagnon de son père, celui qui l’élève ne puisse en aucune circonstance être rompu. Par la suite, il faudra en finir avec la discrimination qui frappe les couples pacsés quand ils veulent adopter un enfant qui n’est pas biologiquement le leur.
Un reportage de Christine Dupré à Prague, en République tchèque à écouter sur : http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=857456
http://www.franceinter.fr/emission-ailleurs-republique-tcheque-quand-le-pacs-empeche-les-couples-homosexuels-dadopter
Katerina et Veronika sont sûres de gagner « un jour » leur combat. Une courte majorité de Tchèques est désormais favorable à l’adoption par des couples homosexuels.