Le complexe où vit quelques 130.000 habitants était occupé par l’armée depuis le mois d’avril denier, les organisateurs ont dû travailler avec les militaires pour la sécurité du défilé. Généralement, la population « LGBT » se fait discrète dans les favelas par peur des préjugés et éventuelles représailles, surtout parce que la population évangélique est souvent très présente et parfois agressive. L’objectif des organisateurs est donc de « sortir du placard » et de montrer que les gays sont bien présents et nombreux, avec des activités autour de la sexualité et de la prévention, des sujets peu abordés en favelas.
Anne Vigna qui y est allée pour les « Carnets du Monde » de Matin Première répond sur rtbf belgique :
C’est courant ce genre de manifestation dans une favelas ?
Ce genre de manifestation n’est pas encore très commune, il faut bien le reconnaître. C’est la deuxième année qu’on en organise dans des favelas et pas dans toutes les favelas. D’abord, le fait qu’il existe des associations créées par des homosexuels dans les favelas, c’est très nouveau. Et puis, une Gay Pride ne peut se passer que dans une des 40 favelas qui a été pacifiée par la police, c’est-à-dire où les trafiquants de drogue ont été chassés. Car les trafiquants n’aiment guère les Gay Prides… J’ai rencontré Rafael à cette Gay Pride, dont le père était trafiquant et qui a voulu le tuer quand il a su que son fils était homosexuel. Depuis que son père est mort dans une fusillade, il a pu s’assumer comme homosexuel et a même monté une petite association dans sa favela qui va organiser prochainement une Gay Pride.
Alors quel est l’objectif d’organiser une Gay Pride dans les favelas ? Que cherchent-ils ?
Quand on leur demande justement, ils répondent tous un peu la même chose : on veut avoir les mêmes droits que les homosexuels de la classe moyenne. Vous savez qu’au Brésil, le mariage homosexuel a été reconnu par la Cour suprême de la Nation mais dans les favelas, on est loin de penser encore au mariage. Le problème principal, c’est la discrimination vécue au quotidien. Ce que veulent les homosexuels des favelas, c’est qu’on parle des différentes sexualités à l’école, qu’on éduque les enfants pour combattre les préjugés. Les homosexuels demandent aussi la pénalisation de l’homophobie car le pays reste un des plus meurtriers. L’an dernier, on a recensé 336 meurtres homophobes, près d’un par jour, la plupart dans les zones les plus défavorisées du pays et plus qu’en 2012. Mais les églises évangéliques s’opposent à toute avancée sur ces questions et elles ont beaucoup de poids dans la société mais aussi au Congrès.
STOP HOMOPHOBIE
source : rtbf.be