Les organisateurs d’un débat sur la situation des homosexuels dans la Roumanie communiste ont été roués de coups mardi soir à Bucarest par une dizaine d’homophobes, a annoncé mercredi le président de l’association organisatrice, Mihai Bumbes.
« Les agresseurs nous ont reproché d’avoir organisé un débat sur une pièce de théâtre qui avait été jouée juste avant. Pourtant ce n’était qu’un débat et non pas une action en faveur des homosexuels », a-t-il ajouté.
La pièce de Mihaela Michailov, intitulée « Après Traian et Decebal » (une page de l’histoire gay de Roumanie), avait été présentée à l’Ecole nationale des études politiques et administratives de Bucarest par l’association Milice spirituelle dans le cadre d’un projet pour encourager les jeunes à s’impliquer dans des actions civiques.
« Deux de mes collègues ont dû être hospitalisés après avoir été frappés à la tête par une dizaine de jeunes, âgés de 25 à 35 ans, alors que les filles du groupe ont été brutalisées », a expliqué Mihai Bumbes, arrivé sur les lieux quelques minutes après les faits.
La police a confirmé l’incident
L’association pour la défense des droits des homosexuels ACCEPT a exprimé dans un communiqué son « inquiétude » et demandé aux autorités de poursuivre les agresseurs.
Elle met en doute la façon dont les autorités appliquent les sanctions prévues par la loi pour ce genre d’infraction et rappelle qu’en 2006, lors de la GayFest de Bucarest, les agresseurs d’un groupe de participants n’avaient pas été poursuivis.
Les homosexuels figurent parmi les catégories les plus marginalisées en Roumanie, aux côtés des Roms, des malades atteints du sida et des personnes handicapées, selon le Conseil national de lutte contre la discrimination.
Selon un sondage réalisé en 2011, 73% des Roumains ne voudraient pas avoir un homosexuel dans leur famille et 45% parmi leurs collègues de travail.
L’opinion à l’égard des homosexuels s’est toutefois légèrement améliorée ces dernières années et une gay pride a lieu chaque année depuis neuf ans à Bucarest, une longévité rare dans les pays d’Europe de l’Est.