Russie : des vidéos violentes et homophobes circulent librement sur le net

Être homosexuel en Russie devient de plus en plus insoutenable : c’est du moins ce que prouve un phénomène homophobe sévissant sur le réseau social russe Vkontakte. Plusieurs groupes néo-nazis y postent depuis quelques mois un nombre croissant de vidéos, exhibant fièrement tortures et humiliations subies par ceux qu’ils appellent les « pédophiles » et qu’ils traquent systématiquement. Mais pour ces jeunes extrémistes, la pédophilie est dotée d’un sens suffisamment large pour y inclure l’homosexualité.

« Notre priorité, c’est de s’occuper des cas de pédophilie, mais nous sommes également contre la promotion de l’homosexualité. Et s’il se trouve que nous rencontrons des personnes d’une orientation sexuelle différente, on peut faire d’une pierre, deux coups », explique Yekaterina, membre éminente du groupe ‘Occupy Pedophilia’, lors d’une interview accordée à la BBC.

Un piège bien rôdé

Ces rencontres, loin d’être fortuites, s’organisent sur des sites LGBT russes où de jeunes gays sont piégés par de faux profils. Arrivés aux prétendus rencards, les homosexuels sont confrontés à un guet-apens filmé puis diffusé sur la toile, l’objectif étant de « soigner » les victimes, clairement identifiables. Le programme varie selon les groupes d’agresseurs et les vidéos, mais l’humiliation est toujours au rendez-vous. On relève tout de même des pratiques qui font office de « signature » : c’est le cas parfois du rasage du milieu de la tête de leurs cibles, comme ce fut le cas pour un jeune étudiant d’origine sud-africaine ou dans la vidéo ci-dessus.

Sur internet, ces vidéos d’une extrême violence ne sont soumises à aucune censure: un site propose même de répertorier ces vidéos et de les classer (plus récente, plus populaire…).

Une conséquence des lois homophobes

Ces actes ouvertement homophobes se sont accrus pendant l’été alors que l’assemblée russe votait ses lois « anti-propagande », punissant tout acte public constituant une « propagande de l’homosexualité » et interdisant l’adoption d’enfants russes par les couples homosexuels et célibataires étrangers.

« Ils ont donné carte blanche à ces actions avec ces lois, a déclaré le militant gay Nikolai Alekseyev au site The Atlantic. C’est un mauvais signal venant des plus hautes sphères de l’Etat, validé par l’Assemblée et le Président, qui vous autorise à faire n’importe quoi tant que cela concerne les homosexuels, car ce sont des citoyens de seconde classe. Ou même de troisième classe. »

Une situation qui n’est pas près de s’apaiser. Insensibles à l’homophobie croissante, les députés russes se préparent à débattre dès février d’une nouvelle loi anti-gay qui retirera leurs droits parentaux aux homosexuels.

Emeline Amétis