L’acteur britannique Stephen Fry et un député russe à l’origine de la loi controversée anti-gay à Saint-Pétersbourg, deuxième ville de Russie, ont eu une discussion difficile jeudi, lors du tournage d’un documentaire sur la vie des homosexuels dans le monde.
Stephen Fry, qui est ouvertement gay, a fait état sur son compte Twitter de son entretien avec Vitali Milonov, un député russe que l’acteur britannique a interviewé pendant plus d’une heure pour son documentaire tourné pour la chaîne BBC.
Vitali Milonov « semble ne pas croire qu’il y a des adolescents persécutés et torturés parce qu’ils sont gays. Il pense qu’ils inventent tout ça et essayent d’en persuader les mineurs », a écrit Stephen Fry, connu en Russie notamment pour son rôle dans une série comique, « Jeeves and Wooster ».
L’interview a été « très triste », a-t-il déploré.
Pour sa part, Vitali Milonov, l’initiateur d’une loi qui punit les auteurs de tout « acte public » faisant la promotion à Saint-Pétersbourg tant de l’homosexualité que de la pédophilie, a reproché à Stephen Fry de ne pas avoir voulu comprendre son point de vue.
« M.Fry tourne un film sur les homosexuels et, selon les lois du genre, il avait besoin d’avoir une opinion contraire à la sienne. Mais il ne s’y intéresse pas du tout en réalité », a déclaré Vitali Milonov à l’AFP.
« Pour lui, nous qui soutenons la loi contre la promotion de l’homosexualité ne sommes que des sauvages déments », a-t-il dit.
Cette loi, adoptée à Saint-Pétersbourg en 2012, et « notre attitude envers l’homosexualité sont notre affaire intérieure. C’est notre propre choix. Nous ne voulons pas voir notre civilisation mourir », a ajouté Vitali Milonov.
La loi, qui prévoit des amendes allant jusqu’à 500.000 roubles (12.500 euros), a été dénoncée à plusieurs reprises par des défenseurs des libertés comme faisant un amalgame entre homosexualité et pédophilie.
Plus de deux Russes sur trois se disent « hostiles » ou « réservés » envers l’homosexualité, qui pour une majorité d’entre eux devrait être interdite, selon un sondage du Centre Levada publié mercredi.
L’homosexualité était considérée comme un crime en Russie jusqu’en 1993, et comme une maladie mentale jusqu’en 1999, bien après la chute du régime soviétique en 1991.