Vera Timentchik, l’auteur du livre « La Famille dans notre pays et chez les autres » « a été convoquée au Comité d’enquête russe » en janvier, à la suite de plaintes de lecteurs, a déclaré Lioudmila Oulitskaïa dans des propos écrits transmis à l’AFP.
Le livre, sorti en 2006 dans le cadre d’une série compilée par l’écrivain, explique notamment que l’homosexualité est un « phénomène répandu » et que les mariages homosexuels sont autorisés dans certains pays, selon la même source.
Vera Timentchik « m’a dit que les enquêteurs du Comité voulaient me parler à moi aussi », a précisé Lioudmila Oulitskaïa. « Mais cela fait déjà un mois et demi que je suis à l’étranger, et j’irai les voir une fois que je serai de retour à Moscou », a-t-elle ajouté. « Je suis prête à assumer toute la responsabilité en tant que compilatrice de cette série, et à défendre mon point de vue partout, y compris devant le Comité d’enquête », a souligné l’écrivain.
La Russie, où l’homosexualité était considérée comme un crime jusqu’en 1993 et comme une maladie mentale jusqu’en 1999, a adopté l’année dernière une loi punissant la « propagande » homosexuelle devant mineurs de peines d’amende et de prison.
Ce texte a provoqué de vives critiques, notamment en Occident, ou ont été lancés des appels au boycott des JO d’hiver qui s’ouvrent officiellement vendredi à Sotchi (sud-ouest de la Russie). Le Comité d’enquête a pour sa part assuré ne pas avoir convoqué Lioudmila Oulitskaïa.
« Mme Oulitskaïa n’a jamais été convoquée de quelque manière que ce soit par le Comité d’enquête, et aucune enquête (la visant, ndlr) n’a été ouverte », a déclaré un porte-parole de cet organe chargé des investigations criminelles à l’agence de presse Interfax.
Le même livre fait actuellement l’objet d’une enquête pour propagande homosexuelle dans la région d’Oulianovsk (Volga), après une plainte d’une bibliothèque pour enfants, a toutefois indiqué le parquet local cité par les médias russes.
« Je reconnais le droit des autres à ne pas être d’accord avec moi » et les auteurs de la série, a déclaré à l’AFP Lioudmila Oulitskaïa. « Mais nous ne parlons que du point de vue de l’éducation, contre l’ignorance, et essayons de réduire le niveau de l’agressivité, si grande dans notre société », a-t-elle souligné.
La population russe reste massivement hostile aux homosexuels, selon des sondages. Lioudmila Oulitskaïa, Prix Medicis étranger pour « Sonietchka » (1996), s’est engagée ces dernières années dans la contestation en Russie, notamment de la loi controversée sur la propagande homosexuelle.
(Source AFP)