L’appel lancé sur les réseaux sociaux pour participer, hier soir, à un « kiss-in » devant l’hôtel de ville de Saint-Cloud a surtout fait réagir les opposants au mariage pour tous. Près de 250 personnes, Clodoaldiennes ou venues des environs (Versailles, Puteaux…) ont manifesté leur soutien à Eric Berdoati, le maire (UMP).
Ce dernier avait fait retirer en fin de semaine quatre affiches annonçant la sortie sur les écrans de « L’Inconnu du lac », un thriller gay. Le dessin représentant deux hommes en train de s’embrasser, avec en arrière-plan un couple en train de s’adonner à ce qui ressemble à une fellation, avait choqué plusieurs habitants.
Une cinquantaine de personnes ont néanmoins répondu hier soir à l’invitation publiée sur le compte Twitter de Chéri-Chéri, le festival parisien du film gay, bi, lesbien, trans (LGBT). Surtout des militants socialistes, mais pas seulement. « Nous sommes venues de Nanterre pour la défense des droits », explique Mélanie. « On n’en peut plus de ce climat d’homophobie qui règne en France », ajoute son amie Emilie, de Seine-Saint-Denis.
Les slogans entendus lors des manifestations contre la loi autorisant les personnes de même sexe à se marier restent toujours aussi populaires « Tous enfants d’hétéros! » « Respectez nos enfants! » « Hollande ta loi on n’en veut pas ». Une poignée de gens en entonnent volontiers d’autres particulièrement nauséabonds : « Les homos en Russie! », « Laissez-nous les corriger », « les pervers au Marais », « Barrez-vous les pédophiles! »…
La forte présence policière a permis d’éviter un début d’empoignade vers 19h30. Les fonctionnaires ont ensuite protégé le maigre cortège des manifestants dénonçant la censure exercée à l’encontre de l’œuvre cinématographique primée au dernier Festival de Cannes. « En prenant une décision visant à maintenir l’ordre public », le maire a créé le désordre, dénonce Xavier Brunschvicg, futur candidat socialiste aux municipales de 2014. Un avis pas vraiment du goût des sympathisants du Front national (FN) venus en nombre avec leurs drapeaux bleu blanc rouge. « C’est une provocation d’imposer cette exhibition sexuelle à nos enfants », assène Alexandra Trémorin, conseillère municipale (FN).
De son côté, Eric Berdoati, qui n’a pas pris part au mouvement, tente de dépassionner les débats. « J’ai appelé tout le monde à ne pas venir ce soir, rappelle-t-il. En tant qu’élus, nous devons ramener la paix et le calme. » Il ne regrette pourtant pas d’avoir fait enlever les annonces publicitaires. « Les laisser aurait pu provoquer un incident » assure-t-il. L’édile pointe un seul responsable à cette agitation : le président de la République. « En faisant passer en force cette loi, François Hollande a clivé la société française. Ce n’est pas le rôle d’un chef d’Etat. »
Le Parisien