Il avait abordé sa victime, Pierre (prénom modifié), dans la rue, en lui demandant une cigarette pour nouer la conversion, avant de franchement lui proposer une relation sexuelle. Mais en dépit de son insistance, Pierre va refuser, exacerbant la violence de l’individu qui va l’agresser sexuellement, en le traitant de sale pédé, et le rouer de coups, pour s’enfuir après l’avoir également dépouillé. Le mis en cause, Hakim (prénom modifié), la trentaine, marié et père de famille, a été condamné à une peine de 7 ans d’emprisonnement, assortie d’un suivi socio-judiciaire de 5 ans, outre l’indemnisation des parties civiles.
Hakim, la trentaine, avait d’abord abordé Pierre, la cinquantaine, dans la rue en lui demandant une cigarette. Une conversation se noue. Hakim drague Pierre et finit par lui proposer franchement une relation sexuelle. Mais en dépit de son insistance, Pierre refuse, son mari l’attend. Hakim va alors le suivre discrètement jusqu’à son immeuble et, prétextant rendre visite à l’une de ses connaissances, entrer dans le hall, entrainant Pierre, quelque peu désemparé, vers un local isolé pour lui imposer une fellation « vite fait ».
Devant la pression et craignant que la situation ne dégénère, Pierre s’y résout quelques secondes avant d’arrêter, exacerbant la violence d’Hakim qui va alors tenter de forcer une pénétration en le retournant contre le mur, puis en essayant de lui baisser son pantalon. Pierre refuse et résiste, Hakim l’insulte : « Sale PD, je vais te crever, je vais te baiser ! »
Pierre déclarera : « Il a fini par me rouer de coups et de claques, en m’insultant. Je me suis retrouvé plaqué au mur, puis au sol, avec sa chaussure sur la tête. Il était vraiment déchainé. Il m’a frappé sur tout le corps et a essayé plusieurs fois de baisser mon pantalon. Il a ensuite fouillé dans mes poches et m’a volé mon téléphone avec de l’argent, avant de quitter le bâtiment ». Il précisera qu’il a eu « peur de mourir ».
C’était en juillet 2020. Pierre a immédiatement déposé plainte, accompagné par STOP homophobie. Hakim, marié et père de famille, a été rapidement identifié, interpellé puis placé en garde à vue. Entendu par les services de police, il a nié les faits, malgré une confrontation avec Pierre. Il a ensuite été mis en examen pour viol commis en raison de l’orientation sexuelle de la victime et vol avec violences, et placé en détention provisoire jusqu’à l’audience de jugement.
Dans le cadre de l’information judiciaire, Pierre s’est constitué partie civile et a été expertisé par un médecin et un psychologue qui, au vu de ses nombreuses blessures physiques et psychiques, en ont déduit une interruption de temps de travail de deux mois pour le premier, et un très lourd retentissement pour le deuxième.
Le juge d’instruction a renvoyé le mis en cause devant le tribunal en correctionnalisant les faits de viol en agression sexuelle.
À l’audience qui s’est tenue le 25 novembre 2021 devant la 14ème Chambre correctionnelle du Tribunal judiciaire de Bobigny. il a de nouveau nié les faits, la séduction et la proposition sexuelle, assurant avoir « vu rouge » parce que ce serait Pierre qui lui aurait touché l’entre-jambe. Le tribunal a néanmoins considéré que la fellation pratiquée avait été imposée sous contrainte morale, caractérisant ainsi l’agression sexuelle commise en raison de l’orientation sexuelle de la victime, compte tenu des insultes proférées. Il a par ailleurs été reconnu coupable de vol avec violences et été condamné à une peine de 7 ans d’emprisonnement ferme (le parquet avait requis 6 ans), assortie d’un suivi socio-judiciaire pendant 5 ans, outre l’indemnisation des parties civiles, dont STOP homophobie qui s’est constituée à l’audience.
« Cette agression sordide a profondément bouleversé Pierre et indirectement son compagnon », a insisté Me Jean-Baptiste Boué-Diacquenod, l’avocat de Pierre, « aujourd’hui soulagé d’avoir été reconnu en sa qualité de victime et entendu par la Justice qui a prononcé une peine à la hauteur de la gravité des faits ».
Me Anne-Sophie Laguens, avocat de STOP homophobie, ajoute que « Pierre a très rapidement contacté l’association qui a pu l’accompagner tout au long de la procédure. Les faits sont représentatifs de trop nombreuses agressions nocturnes, particulièrement traumatisantes pour les victimes ».
Le condamné a fait appel et une nouvelle audience se tiendra dans les prochaines semaines devant la Cour d’appel de Paris.