Dépister le sida sans se rendre à l’hôpital ou chez un médecin, c’est possible au sein des bureaux d’Ex Aequo, une ASBL bruxelloise.
Une micro piqûre sur le majeur, quelques gouttes de sang et une minute plus tard vous voilà informé de votre statut sérologique. Dépister le VIH ou la syphilis peut désormais être pratiqué en dehors d’un contexte médicalisé. À Bruxelles, à deux pas de la place Sainte-Catherine, l’ASBL Ex Aequo pratique ce test dans ses bureaux, et sans blouse blanche.
L’association travaille depuis près de 20 ans dans la prévention du sida au sein du milieu homosexuel masculin. Faciliter l’accès au test de dépistage, c’est un combat que mène l’association. Pour Michael François, coordinateur, et Safia Soltani, responsable de projet, il s’agit d’un moyen efficace de lutte contre la propagation du virus. «Plus on est dépisté tôt, plus vite on rentre en traitement et moins on est contaminant.»
Pourquoi se rendre au sein de l’ASBL plutôt qu’à l’hôpital ou chez le médecin généraliste? L’approche est totalement différente, assurent nos deux interlocuteurs. Être homosexuel, ce n’est pas un statut que chaque homme assume avec sérénité. «Ici, il y a un climat de confiance, les gens viennent moins stressés. Il y a de la confidentialité.» Ce qui est aussi vrai, en théorie, au sein d’une structure médicalisée mais qui, dans les faits, n’est pas toujours réaliste. Au-delà du test, Ex Aequo veut aussi encadrer les personnes qui effectuent la démarche. «C’est de la prévention individuelle. On peut évoquer leur santé sexuelle et affective. Tout cet aspect en marge du geste est important. Nous avons un discours adapté à leurs pratiques.
Si on les interroge pour savoir s’ils ont eu des pratiques à risques dans les 72 h, ils répondent ‘non’. Mais, si on leur demande s’ils ont pratiqué la fellation, ils répondent ‘oui’. Pour eux, la fellation n’est pas un risque et on doit leur expliquer.»
En cas de test positif, Ex Aequo oriente la personne vers l’hôpital. «On leur propose d’être solidaire en cas de réponse positive. Il y a toujours un endroit pour discuter. Si nécessaire, on peut aussi accompagner la personne à l’hôpital.» Et de rappeler que le test pratiqué, le TROD, est une orientation de diagnostic dont la fiabilité des résultats est de l’ordre de 90 %. «Il y a aussi toujours un médecin ou un psychologue disponibles.»
Un geste illégal
L’ASBL est en attente du «plan national sida» qui devrait être divulgué le 15 octobre. La démédicalisation des tests devrait faire partie du plan. Pour l’instant, l’ASBL pratique en toute illégalité. «Car on le fait sans médecin. Et on assume complètement car les choses doivent bouger. C’est aux associations d’en être le moteur.» La Belgique est à la traîne sur ce type de dépistage. «On est hors-la-loi et on espère devancer ce qui va sortir dans les prochains jours.» Mais illégal ne veut pas dire non sécurisé. Tout le matériel utilisé est aux normes et à usage unique.
Ex Aequo, rue Locquenghien 41 à 1000 Bruxelles (02/736 28 61 – info@exaequo.be)
Emmanuel HUET
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