En France, quelque 50.000 personnes de plus de 50 ans vivent avec le virus du sida, et beaucoup s’inquiètent de leur devenir, alors qu’elles sont confrontées à un vieillissement accéléré, selon une enquête.
Parmi les plus de 50 ans séropositifs, 40% sont des hommes et 26% des femmes.
Avancer en âge est une source d’inquiétude pour la grande majorité des seniors concernés, selon les résultats préliminaires d’une enquête de l’Observatoire SIS (Santé Info Solidarité) réalisée cette année auprès d’un échantillon de 194 sujets âgés d’au moins 40 ans.
Leurs craintes portent sur l’accès aux maisons de retraite, le vieillissement accéléré, la précarité, l’isolement, une sexualité réduite.
En moyenne, les participants à cette étude vivent depuis 18 ans avec le VIH (22 ans pour les femmes, 16,5 ans pour les hommes). La quasi-totalité est sous traitement antirétroviral depuis 12,5 ans en moyenne et moins d’un sur dix a une charge virale (quantité de virus dans le sang) détectable ou fluctuante, résume Mathilde Coudray, chargée d’études SIS.
L’infection VIH est devenue « une maladie chronique » qui s’accompagne d' »un vieillissement accéléré », souligne à cette occasion la Dr Valérie Martinez-Pourcher (service maladies infectieuses, hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris). Les « co-morbidités » (hypertension, diabète, maladies cardiovasculaires…) sont plus fréquentes et apparaissent plus tôt que dans la population générale séronégative, relève-t-elle.
« Cette sénescence accélérée est liée à plusieurs facteurs : traitements qui avaient été administrés, un effet probablement direct du virus lui-même et surtout une inflammation chronique délétère pour les cellules et qui entraîne un vieillissement du cerveau, des reins, du foie », détaille pour sa part le Pr Gilles Pialloux, spécialiste du Sida (Hôpital Tenon, Paris).
Classiquement, une personne séropositive depuis plusieurs dizaines d’années, qui a 55 ans, fait dix ans de plus sur le plan métabolique et dans son apparence physique, dit-il.
Mais « l’espérance de vie actuellement d’une personne nouvellement dépistée, prise en charge précocement et qui suit bien son traitement, se rapproche de celle d’une personne négative, tous facteurs de risque confondus (tabac, alcool…) », ajoute le Pr Pialloux.
Il y a 25 ans, la moitié des patients décédaient dans les onze mois suivant une infection opportuniste (infections diverses profitant de l’affaiblissement des défenses immunitaires par le sida, ndlr), rappelle-t-il.
Il plaide pour une prévention et un dépistage ciblés sur ces seniors. D’autant que passé 50 ans, le risque est plus grand d’être contaminé par le VIH, en raison de la fragilité du col par exemple chez la femme. Ces spécialistes évoquent aussi des séropositivités détectées chez des personnes de 80 ans.