>> How Russia’s Hilarious, Homoerotic “Satisfaction” Became a Nationwide Meme of Solidarity
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Il fait le buzz, relayé depuis sa publication le 16 janvier dernier sur VKontakte par plusieurs millions d’internautes. Quatorze étudiants de l’Institut d’aviation civile d’Oulianovsk (UIGA), l’un des plus prestigieux de Russie, qui pour célébrer la fin de leurs examens, ont renouvelé la vidéo parodique de 2002 du DJ italien Benny Benassi, déambulant dans les couloirs d’un dortoir en sous-vêtements et accessoires, comme les soldats britanniques en 2015.
Un véritable scandale dans la Fédération ! Accusés d’avoir « violé les principes de discipline et d’ordre de l’université », les jeunes n’auront toutefois pas été renvoyés, mais convoqués avec leurs parents par le gouverneur de la région, proche de Vladimir Poutine, qui avait déjà désigné une commission spéciale pour « étudier la situation ».
Selon le recteur de l’établissement, qui a jugé les scènes répugnantes, « un pardon est impossible ». Des dizaines de milliers de signataires réclament aussi l’expulsion des étudiants, tandis que le clip, qui aurait dû rester confidentiel, continue de tourner sur les chaînes de télévision.
Mais, à l’instar du président du Parti libéral-démocrate de Russie et candidat à la présidentielle, Vladimir Jirinovski, qui a demandé sur Russia Today à ce que l’on cesse les persécutions, les démonstrations de solidarité affluent, comme les remakes « homo-érotiques », avec le hashtag #satisfaction.
Pour The New Yorker, « compte tenu de l’homophobie ambiante et hautement politisée en Russie, ces parodies démontrent que les Russes peuvent toujours former des connexions horizontales, en dépit du monopole de l’État sur la sphère publique et de la menace de lourdes sanctions, contre la “propagande homosexuelle” en particulier. »
Ainsi, l’histoire des étudiants pilotes s’est transformée en acte de résistance citoyenne.
Selon le psychologue Pavel Schneidermann, cette vidéo marque un changement plus profond des mentalités, une véritable révolution dans le rapport au corps parmi la jeunesse russe. « Dans la culture russe contemporaine – comme vous le diront les psychothérapeutes corporels, mais aussi les professeurs de danses latino-américaines – la région pelvienne est, chez les hommes autant que les femmes, une des zones du corps les plus enfermées, les plus coincées. Les Russes ont majoritairement tendance à considérer cette zone – bassin, hanches, aines, fesses et organes génitaux – comme « indécente » et à la maintenir, en quelque sorte, gelée. Outre ces limites physiques, cette région du corps est aussi associée à une série de sentiments, liés principalement à la honte et à la culpabilité », explique-t-il sur lecourrierderussie.
Si ces jeunes gens qui n’ont « pas honte de remuer audacieusement cet endroit provocateur » ne sont pas isolés, si ce rapport au corps est le fait de toute une génération, c’est le signe indubitable qu’un changement révolutionnaire s’est produit dans la personnalité des Russes.
« La nouvelle génération n’a pas peur d’inclure dans sa vie le bas. Ces jeunes possèdent une grande liberté intérieure, de l’aisance et de la spontanéité. Ils sont plus difficiles à soumettre, car ils cèdent moins à la manipulation, qui utilise largement les sentiments de honte et de culpabilité. Et il y a de fortes chances qu’ils deviennent des adultes plus chaleureux dans les relations interpersonnelles, des êtres plus vivants et plus gais, des amants plus sexy et des parents plus attentionnés – toutes qualités étroitement liées avec un bas-ventre libéré, actif. Ainsi, nous assistons à une véritable révolution sexuelle – en témoigne la déferlante de vidéos tournées en soutien aux élèves de l’Institut d’aviation civile. Une révolution qui se manifeste, en outre, de la façon la plus pacifique qui soit : par la danse », conclut-il.