Le 02 avril, Ousmane Sonko a été nommé premier ministre par le nouveau président fraîchement élu, Bassirou Diomaye Faye, aux termes des 12 ans de mandat de Macky Sall à la tête du Sénégal.
Pour rappel, Ousmane Sonko alors dans l’opposition déclarait en mars 2022 se tenir prêt à œuvrer à tout texte visant à réprimer l’homosexualité, alors que de grandes marches secouaient Dakar, à l’initiative d’And Samm Djikko Yi (Ensemble pour la défense des valeurs en wolof), qui souhaitait voir alourdir les condamnations pour homosexualité, avec des peines pouvant aller jusqu’à 10 ans de réclusion criminelle.
D’ailleurs, une proposition en ce sens avait même été transmise à la chambre des députés, avant d’être ignorée, au grand dam de l’intéressé.
Dixit Sonko : « Je leur avais dit que je suis prêt à collaborer à la rédaction et je le réitère. La lutte contre l’homosexualité comporte non seulement un aspect religieux, mais surtout un souci de préservation de notre humanité ».
2 ans plus tard, Sadio D., un défenseur des droits humains qui vit sur place, a tenu à nous apporter son éclairage quant à la récente nomination d’Ousmane Sonko en tant que premier ministre depuis une semaine :
« Dans l’imaginaire blanc occidental, Sonko est dépeint comme un grand homophobe et sans nier qu’il le soit, actuellement le Sénégal vit des priorités qui sont toutes autres. Il y a la question de l’emploi, la question du secteur informel, la question de la réduction du coût de la vie, la gestion des loyers, les problèmes d’accès à un habitat abordable et enfin le dossier complexe de la gestion de la manne pétrolière et gazière à venir. Dans ce contexte, je ne dis pas que la question des droits des personnes LGBT+ soit moins importante, mais il s’agit du cadet des soucis du régime nouvellement en place ».
Ismaël, un observateur de la vie publique sénégalaise se veut moins optimiste :
« Les défis économiques et sociaux de la nouvelle équipe Sonko sont tels, avec une population de moins de 35 ans qui représente 70% de la population, qu’au moindre échec, les homosexuels serviront de bouc-émissaires et seront désignés à la vindicte populaire, avec pour toile de fond l’Occident et la France dans le rôle d’accusés. Il est à craindre et il y aura des victimes à faire exfiltrer du pays.
Certains leaders religieux et marabouts n’attendent que ce moment pour faire saigner la communauté LGBT+ et expurger la société sénégalaise d’éléments qu’ils jugent indésirables. C’est un agenda su et connu de tous et c’est déjà écrit d’avance. Maintenant, il advient d’anticiper de tout cela ».