C’est le premier long-métrage du britannique Francis Lee, 47 ans, déjà primé à travers le monde, et qui a choisi de revenir sur la terre de ses ancêtres, dans le West Yorkshire, paysages ruraux et isolés où il a grandi, comme son personnage, Johnny (interprété par Josh O’Connor), la vingtaine, qui noie son amertume tous les soirs dans le pub du village, multipliant les aventures sans lendemain pour oublier son quotidien.
Il est fils de fermier, « trime dans le froid, la pluie et le vent ». Ses amis ont rejoint de plus grandes villes, sa mère également, pour devenir coiffeuse, plus au sud. Son père est partiellement handicapé et décide donc d’engager un saisonnier, immigré roumain, Gheorghe (Alec Secareanu), pour lui prêter main forte.
Sa vie bascule. Johnny doit faire face à des émotions jusqu’alors inconnues, dans une communauté où les gens sont trop fatigués après de longues journées d’un travail harassant pour « se chercher », commente le réalisateur.
« J’ai tourné le film de façon linéaire et chronologique, laissant chaque scène influer sur la suivante du point de vue des sentiments… J’avais envie de raconter une histoire d’amour sincère et sans complaisance, de saisir le sentiment de joie mêlée d’appréhension qui accompagne la naissance d’une relation. Je voulais que l’on voit Johnny et Gheorghe tomber peu à peu amoureux l’un de l’autre et se demander comment concilier leurs différences, explorer les moments que deux personnes partagent quand elles commencent à s’engager, en mettant le doigt sur les conflits qui les animent », poursuit Francis Lee.
« Que l’on soit homo ou hétéro, on sait tous ce que ça fait de tomber amoureux, et combien cette étape peut être difficile parfois, surtout quand les circonstances ne s’y prêtent pas. Construire une grande histoire d’amour était un défi en soi. »
« Seule la Terre » a déjà remporté le Prix de la mise en scène à Sundance, le Teddy Award du Männer Jury, au Festival de Berlin, ainsi que le « Hitchcock d’Or » du meilleur film britannique au Festival de Dinard 2017.