Sexisme et LGBTphobie : un rapport accablant sur l’institution judiciaire française

Une enquête interne menée par le Syndicat de la magistrature en janvier 2024 révèle un sexisme systémique et des violences sexistes et sexuelles dans l’institution judiciaire française, qui devrait pourtant garantir l’équité et la protection des droits fondamentaux.

Basé sur 525 témoignages anonymes, ce rapport dévoilé par Mediapart dénonce des comportements graves, ainsi qu’une inaction alarmante des instances concernées.

« Les comportements signalés concernent souvent des supérieurs hiérarchiques, ce qui révèle un rapport de domination profondément ancré », souligne le communiqué du syndicat.

Des comportements omniprésents

Le rapport décrit un sexisme ordinaire envahissant, allant des remarques humiliantes aux plaisanteries déplacées. À cela s’ajoutent des discriminations homophobes et transphobes, qui frappent tant les magistrats que les justiciables.

Des dispositifs inefficaces face à la peur

Bien que des outils comme la plateforme Allodiscrim existent pour recueillir les signalements, les victimes hésitent souvent à s’exprimer. La peur de représailles ou la crainte que leur plainte ne soit pas prise au sérieux freinent toute démarche. « Les sanctions, lorsqu’elles existent, restent majoritairement symboliques », déplore le syndicat.

Des réformes indispensables

Parmi les recommandations formulées figurent des formations obligatoires dès l’École nationale de la magistrature, la désignation de référents dédiés dans chaque juridiction et un renforcement des procédures de signalement.

Une institution en quête de crédibilité

Au-delà des recommandations, l’enquête soulève une interrogation fondamentale : une justice marquée par ces problématiques peut-elle traiter de manière impartiale les affaires de violences sexistes et sexuelles ?

Le rapport pointe également la sous-représentation des femmes dans les postes de direction, malgré leur majorité dans la profession, ainsi que la vulnérabilité accrue des auditeurs de justice en formation.

Le Syndicat de la magistrature espère que cette enquête incitera à une prise de conscience et amorcera des réformes profondes.